Le Festival de Royaumont consacre Lucile Richardot Queen of the Perpetual Night
Un complet dépaysement à à peine une heure de Paris, c’est ce qu’offre le Festival de Royaumont avec des concerts de musique classique d’une incroyable qualité. Et si Royaumont était le nouveau spa des mélomanes ? Compte-rendu de visite…
L’Abbaye de Royaumont est un havre de paix qui abrite la Fondation réputée. Les activités y sont nombreuses tout au long de l’année. Depuis plus de soixante-quatorze ans, la musique tient une place essentielle ici grâce notamment aux résidences d’artistes et d’ensembles de musique classique et contemporaine.
Les mélomanes connaissent surtout le Festival de Royaumont qui égaye chaque week-end d’août à septembre. Les portes de l’Abbaye s’ouvrent pour offrir en plus des visites guidées, des concerts et des spectacles de danse da grande qualité. La programmation qui semble aujourd’hui plus harmonieuse rassemble les événements autour d’un thème (comme cette année 2018 « les artistes au jardin » ou « Debussy en perspective ») sans sacrifier pour autant l’éclectisme qui en est une des marques de fabrique.
Et ce samedi 22 septembre 2018, une météo grise et pluvieuse a accompagné de façon évidente cette journée consacrée à la chanson britannique du XVIIe siècle. L’Angleterre intime et mélancolique a ainsi été visitée lors de deux concerts qui nous ont permis d’apprécier tout d’abord le jeune ensemble vocal Cosmos puis la mezzo Lucile Richardot avec l’ensemble Correspondances dirigé par Sébastien Daucé.
A la découverte des nouvelles étoiles de Cosmos
A 17h30, la musique de John Blow et de Matthew Locke a résonné dans l’acoustique enveloppante du Réfectoire des convers nous plongeant un peu plus dans une atmosphère contemplative et chaleureuse. Dans la plus pure tradition des verse anthems (les hymnes à versets proches des motets avec interventions solistes), les jeunes membres de Cosmos ont pu tour à tour s’illustrer brillamment avec peut-être une prononciation anglaise à affiner.
Il conviendrait de citer les six chanteurs en accordant une mention particulière à l’aisance de l’alto Damien Ferrante et à l’élégance de la basse Maxime Saïu. Soutenu par les instrumentistes Loris Barrucand et Justin Glaie, l’ensemble affiche une très belle cohérence avec des timbres qui s’unissent parfaitement. Cosmos est né à Royaumont en 2015 sous les meilleurs auspices (au cours d'une formation menée par Lionel Meunier). Leur parcours est assurément à suivre…
Lucile Richardot, Reine de la Nuit made in England
On ne présente plus en revanche l’ensemble Correspondance et Sébastien Daucé, son chef aux multiples talents. Fort du succès remporté un peu partout par le spectacle Perpetual Night (magnifique anthologie de Songs anglaises d’avant Purcell, opportunément immortalisée au disque chez Harmonia Mundi), l’idée d’une mise en scène a germé. Profitant de l’incubateur de Royaumont qui offre aux artistes les moyens nécessaires à la maturation d’un projet, Samuel Achache devait présenter son travail scénique au Réfectoire des moines, à 20h45. Hélas ! La réverbération naturelle de la salle voutée gênant les voix parlées, les artistes ont dû reporter la création du spectacle.
C’est donc sous la forme accoutumée du concert lyrique que la magicienne Lucile Richardot (tout de même costumée et gantée de rouge) a arpenté la scène de Royaumont pour nous envoûter. Dotée de moyens colossaux, la mezzo subjugue l’auditoire qui reste captivé de bout en bout par ce répertoire pourtant peu fréquenté. Sébastien Daucé porte cette musique avec intensité et profondeur. La complicité des deux artistes est palpable comme avec les deux comparses René Ramos Premier et Maxime Saïu (entendu un peu plus tôt) venu donner la réplique à la divine Richardot.
Grâce à la parfaite organisation (comme ce service de navette), les parisiens pressés auraient pu profiter encore plus de cette parfaite journée anglaise à Royaumont avec les hôtes charmants du Festival car en prélude, une conférence était proposée, sans parler des visites des lieux, de la restauration et même de l’hôtellerie ! See you soon, Royaumont…