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Les instruments anciens créent le mouvement avec Noé Soulier et Maude Gratton

Les instruments anciens créent le mouvement avec Noé Soulier et Maude Gratton

À Paris, Bach est à l’honneur au Théâtre de la Ville avec le clavecin de Maude Gratton mais aussi avec la chorégraphie de Noé Soulier qui, dans Close up, ajoute de l’image à la musique et à la danse. L’harmonie sera-t-elle au rendez-vous ? Réponse…

Close Up de Noé Soulier © DPERRIN

Présenté au Festival d’Avignon 2024, Close Up est le fruit du travail de Noé Soulier, à la conception et à la chorégraphie, et de Maude Gratton à la direction musicale avec l’Ensemble Il Convito. Même si l’image s’invite sur le plateau, ce n’est pas dans une salle de cinéma mais bien au Théâtre de la Ville que se déroule le rendez-vous parisien de cette reprise. Dans le cadre de la programmation hors les murs de Chaillot - Théâtre national de la Danse, ce 13 mars 2025, la représentation du spectacle a témoigné de la continuité de l’engagement de Noé Soulier, actuel directeur du Centre national de danse contemporaine d’Angers. Reconnu pour son travail de recherche autour du geste et du mouvement, il est d’autant plus important de soutenir ses créations et toutes les initiatives artistiques car sa région a vu son budget culturel drastiquement réduit pour les prochaines années. Les partitions de Bach qui se mêlent naturellement à la danse apportent une humanité bienvenue mais également une architecture.

Quand Bach donne le ton

Close Up de Noé Soulier © Alain Scherer

La musique en direct est toujours un atout de taille quand la danse s’anime sur scène. Maude Gratton et l’Ensemble Il Convito ont ici toute leur importance et occupent la scène à parts égales avec les danseurs. Sur les notes des instruments anciens (clavecin, violon, viole de gambe, traverso et violoncelle), les six jeunes danseurs s’enivrent de la musique pour se mouvoir. Éruptions des membres, mouvements brusques et gestes en apesanteur, Bach prend possession des corps. Scène neutre et costumes simples “jean tee-shirt", aucune distraction pour l’œil et l’oreille, Soulier se concentre sur l’essentiel. Seuls ou en petit groupe, les artistes s’effleurent, se découvrent, s’apprivoisent en toute délicatesse et pudeur. Présenté en deux parties, Close Up (gros plan dans le vocabulaire cinématographique) prend tout son sens dans la seconde. Dans un cadre blanc, les artistes sont alors invités à être filmés par une caméra sur trépied. Dans ce nouveau dispositif, la contemplation des mouvements s’intensifie grâce à l’image projetée sur grand écran qui offre comme une seconde scène aux spectateurs.

Le mouvement passé au microscope sur grand écran !

Close Up de Noé Soulier © Christophe-Raynaud-Delage

Pour les amateurs de musique baroque, l’heure de spectacle n’est qu’enchantement. Pour ceux pour qui le génie de Bach séduit moins, Close Up possède néanmoins cette cadence rythmée que permet les changements de tempos. Du solo de clavecin à celui du violon, les chorégraphies de groupe et la projection de l’image filmée en direct offrent plusieurs angles. Cependant, la répétition des motifs chorégraphiques peut allonger la perception du temps et mettre l’attention à l’épreuve. Le chorégraphe laissant place à l’improvisation, le talent des danseurs (Stéphanie Amurao, Nangaline Gomis, Yumiko Funaya, Samuel Planas, Mélisande Tonolo, Gal Zusmanovich) est inévitablement apparent. Cette création s’adresse à un public connaisseur et surtout curieux, adepte de l’abstrait. L’étude du mouvement lors d’une rencontre physique y est scrutée et l’on en sort nourri chorégraphiquement. Là est toute la force de Noé Soulier.

Close Up de Noé Soulier © Christophe-Raynaud-Delage

Une Charlotte coiffe le Werther toxique du Théâtre des Champs-Elysées

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