Réouverture du Staatsoper de Berlin, le Wiener Philharmoniker est dans la place !
C’est le grand événement de la rentrée 2017 ! Le Staatsoper unter den Linden, l’opéra historique de Berlin retrouve enfin son public qui a dû attendre 7 ans. Point de réflexion, c’est « the place to be » surtout lorsque le Wiener Philharmoniker est dans la place. Compte-rendu…
Pour le tout premier concert d’un orchestre invité depuis la réouverture de la salle historique de Berlin, le Staatsoper a fait les choses en grand en programmant rien de moins que le Wiener Philharmoniker ! Ce samedi 7 octobre 2017, sous la direction de Zubin Mehta, l’orchestre mythique a interprété Brahms, Haydn, Bartók et en bis, une délicieuse viennoiserie.
Cette représentation nous a offert l’occasion de découvrir l’acoustique de la salle entièrement rénovée, rendue au public berlinois ici dans la configuration du concert symphonique.
Sur la scène, fosse recouverte, l’ensemble déployé autour du chef sonne grandiose. Dès les premières mesures de la Tragische Overtüre de Brahms, nous sommes plongés dans un océan de beaux timbres. Du neuvième rang de parterre, l’on retrouve les marqueurs des théâtres anciens : peu de réverbération mais un son direct qui n’est pas sec. Les différents pupitres de l’orchestre sont finement détaillés. L’acoustique est bien équilibrée et lorsque l’on a le Wiener Philharmoniker sous la dent, c’est comme déguster du homard sur un plateau d’argent, un grand luxe.
Même en formation plus réduite comme l’exige la partition de la Sinfonia Concertante en si bémol majeur Hob.I/105 de Haydn, tout n’est qu’ordre et beauté. Les quatre excellents solistes mènent la danse. Le violon suave de Rainer Honeck se permet des sensualités inédites chez Haydn face au basson impeccable de Sophie Dartigalongue et au violoncelliste Robert Nagy, un peu sage. Martin Gabriel au hautbois rivalise de beauté. Le deuxième mouvement où chacun expose son instrument nous transporte.
Zubin Mehta à la hauteur de la formation mythique
Le grand chef indien Zubin Mehta semble légèrement en pilotage automatique. Il faut dire que l’orchestre connait ce répertoire sur le bout de ses archets et qu’il ne semble pas avoir besoin d’être conduit. Dans le Concerto pour orchestre de Bartók en revanche, il faut une baguette. La pièce composée deux ans avant la mort du compositeur fait partie de ces œuvres hybrides qui nécessite une parfaite maîtrise des différents pupitres. Bien que créée par le Boston Symphony Orchestra, elle semble taillée sur mesure pour le Wiener Philharmoniker. Les cuivres parfaitement dosés sont admirables de justesse, tout comme l’ensemble des vents.
Sollicités individuellement, en couple ou par pupitre, les musiciens font preuve d’un art des nuances infinies, tout simplement fascinant. Peut-être regretta-t-on la vue d’ensemble de Zubin Mehta qui privilégie la beauté au dépend de l’expressivité mais a-t-on le droit de se plaindre de l’époux lorsqu’il exhibe une si belle mariée ? Le chef a su captiver le public du Staatsoper qui lui a réservé une standing ovation assurément méritée. En remerciement, il est revenu sur scène tout hilare pour annoncer le bis de l’orchestre, une valse de Strauss, sa marque de fabrique. Au son du célébrissime « An der schönen blauen Donau », clin d’œil évident au Neujahrskonzert, l’on a pu s’empêcher de penser à un pied de nez amical adressé aux orchestres de Berlin qui possèdent également leur concert du Nouvel An.
Le Wiener Philharmoniker, réputé plus bel orchestre du monde a subtilement rappelé sa prééminence en la matière. Reste qu’à Berlin, cette capitale de la musique classique, la venue de la sublime phalange dans la salle mythique est un luxe rajouté aux fastes.