Wagnermania – Case Scaglione, Orchestre national d’Île-de-France

Sortie le 22 janvier 2021 sous le label NoMadMusic

Il faut reconnaître que même sans avoir d’a priori, l’on n’attendait pas vraiment l’Orchestre national d’Ile-de-France dans le répertoire wagnérien. Sans nullement démériter, l’ensemble mène une carrière discographique assez discrète où il brille le plus souvent comme accompagnateur de qualité, moins comme acteur principal. Or Wagner exige beaucoup et ses auditeurs encore plus. Familiers des rugissements des grands orchestres de légende de Berlin ou Vienne, ils seront très agréablement surpris de découvrir le travail du chef Case Scaglione. La première bonne nouvelle est que l’artiste américain de 38 ans, directeur musical et chef principal de l’Orchestre depuis la saison 2019-2020, toujours attentif à ses chanteurs, ose. Les extraits de Parsifal, Tristan und Isolde et Die Walküre mettent particulièrement en avant les sonorités de l’ensemble où les musiciens sont attentifs aux atmosphères précisément dessinées. Le premier CD consacré à la grande scène entre Kundry et Parsifal (Acte II, scène 3) où les leitmotivs foisonnent semble extrait d’une intégrale tant les éléments semblent en place. Les deux interprètes sont des wagnériens chevronnés et même si l’on peut entendre des Kundry au timbre plus raffiné, l’animalité de Michelle DeYoung (impressionnante vocalement dans la terrible tessiture malgré quelques aigus tirés) répond bien à l’humanité de Simon O’Neill. Le ténor s’affirme également facilement en Siegmund avec une diction fluide et une voix bien conduite dans la scène 3 de l’acte I, présentée sur le second CD. Avec métier, Pierre-Yves Pruvot complète la distribution pour de courtes interventions. C’est cependant plus particulièrement sur le Vorspiel und Liebestod d’Isolde que les habitués jugeront. Cette pièce si souvent jouée et enregistrée étant comme une carte de visite, elle est ici un sésame qui permet à Case Scaglione d’entrer dans le cercle des chefs à suivre de très près.