David Philip Hefti - Die Schneekönigin
Sortie le 13 novembre 2020 sous le label NEOS
Même s’il manque une dimension majeure qu’apporte la scène où l’écoute est toujours plus concentrée, le disque est souvent le meilleur moyen pour faire connaissance avec un compositeur contemporain. David Philip Hefti est né en Suisse en 1975. Il est à la fois chef d’orchestre et un compositeur qui compte quelques 70 créations à son actif. La pièce qui nous intéresse ici est sa deuxième œuvre de théâtre musical. Conte familial inspiré d’Andersen, Die Schneekönigin (La Reine des neiges) a été créée à la Tonhalle Maag de Zurich avec les forces du Tonhalle-Orchester Zürich dirigées par Hefti lui-même. L’enregistrement que nous propose le label NEOS est la restitution de la première exécution du 11 novembre 2018. La prise sur le vif est une prouesse en soi car tous les participants sont en place. L’histoire est racontée par deux récitants qui jouent également Kay et Greta, les enfants héros du conte, cousins éloignés de Hänsel und Gretel. Le rôle de la Reine des neiges est confié à une partie vocale tenue par la soprano Mojca Erdmann. Il faut cependant prévenir que l’on est très loin d’un univers à la Disney, cette reine-là est une mauvaise fée qui kidnappe les enfants. Il n’est pas sûr d’ailleurs que Die Schneekönigin s’adresse à un jeune public, la musique tourmentée de Hefti étant le plus souvent inquiétante voire angoissante. Beaucoup d’effets souvent entendus (déflagrations, suspensions soudaines, nombreuses dissonances) accompagnent un long texte en allemand qui prend vie grâce au talent des acteurs Delia Mayer au timbre séduisant et Max Simonischek. La musique tout au long de ces presque 80 minutes semble stagner sur des monologues trop souvent bavards. Le texte d’Andreas Schäfer est sans doute poétique mais son écoute au disque n’est pas la plus facile pour un auditoire non germanophone. L’écriture vocale qui sollicite parfois inutilement la soprano dans des aigus qu’elle maîtrise est souvent attendue et ne procure pas de plaisir particulier ni de choc esthétique. Mojca Erdmann est certes impressionnante mais la partition ne lui laisse guère l’occasion de créer un personnage comme une Lulu ou une Salomé que l’on devine dans sa voix. Même si l’on distingue bien différentes atmosphères (et même une allusion au Casse-noisette de Tchaikovsky), il manque une progression dramatique à l’œuvre de David Philip Hefti pour être captivante. Cette deuxième oeuvre lyrique de son compositeur est cependant prometteuse.