Ce que l’on pense (vraiment) de la saison 2018-2019 de l’Opéra national de Paris
Le but d’un édito est de prendre partie ou d’exprimer une opinion. CCC ne déroge pas à la règle en disant tout ce que l’on pense de la nouvelle saison lyrique 2018-2019 de l’Opéra national de Paris. CCC ose tout, même en dire du bien ! Attention, prise de parole…
Comme en politique, il y a des sujets délicats à aborder. Parler de la saison lyrique 2018-2019 de l’Opéra national de Paris peut en être un, surtout lorsque l’on s’adresse à des français ronchons qui sont toujours persuadés que l’herbe est plus verte chez nos voisins ou que Paris n’a pas ce qu’il mérite. Il est tout aussi dangereux d’évoquer les mises en scène. Les partisans de la tradition affrontent régulièrement ceux de la modernité dans des débats stériles, la plupart du temps. Depuis que le monde est monde, les batailles d’Hernani épuisent les médiateurs qui aiment à la fois être bousculés et caressés. Une bonne fois pour toute, il y a autant d’esthétiques théâtrales que de goûts. Aussi, nous prenons la fuite très courageusement en décidant de ne pas aborder le sujet polémique des mises en scène dans cet édito.
Mes chers concitoyens, voyons le verre à moitié plein et réjouissons-nous car nous avons de bonnes raisons de le faire ! Nous qui aimons les stars, nous sommes servis. Il n’y a pas tout le gratin comme à Munich mais faisons le compte : Anna Netrebko, Diana Damrau, Anja Harteros, Sonya Yoncheva, Jonas Kaufmann, Roberto Alagna, Matthias Goerne, Ludovic Tézier… c’est tout de même pas mal ! Même si l’on peut regretter que pour une Netrebko il faille supporter un Eyvazov, le gros problème pour ce gala annoncé des 350 ans de l’Opéra avec Monsieur et Madame, c’est son prix. L’AROP qui gère également l’organisation du dîner n’a pas poussé l’ironie jusqu’à placer l’événement à la Bastille avec du pain et des brioches.
La mort de Jonas Kaufmann sur scène est attendue en 2018-2019
L’autre sujet de frustration concerne les représentations de Tosca. Tout le monde veut voir le grand Jonas succomber mais là encore, il y aura peu d’élus car le spectacle risque d’afficher complet rapidement. Et en cas d’annulation, on imagine bien les mélomanes hagards capables d’envahir la place. Des voix s’élèvent souvent pour critiquer le Répertoire choisi. Pour les wagnériens, il n’y a jamais assez d‘opéra de Wagner, de Verdi pour les verdiens, etc. Le contrat 2018-2019 est, somme toute, assez bien respecté. Du baroque, du contemporain, des italiens, des allemands, des français, deux russes et un tchèque. Le mélomane qui a déjà tout vu attendra encore Mefistofele de Boito par exemple, Der Freischütz de Weber, Tancredi ou Semiramide de Rossini ou d’autres…
On le sait, l’Opéra national de Paris n’a pas vocation à se servir des célébrations pour construire des productions comme autant de happening. Pourtant, nous avons bien un Berlioz (mort en 1869) mais pas de Gounod (né en 1818). Préfère-t-on les morts aux naissances ? L’occasion était pourtant belle d’exhumer Roméo et Juliette, portés disparus depuis 1985 des affiches de la première maison d’opéra en France. Nous devrons encore patienter… Et puisque nous devons respecter nos illustres ancêtres et nos coutumes, râlons en chœur ! La superbe soprano Véronique Gens ne récolte qu’un tout petit rôle dans la distribution des Troyens. Malgré tout, avec Stéphanie d’Oustrac et Elina Garanca (mais pas Joyce DiDonato), Michèle Losier, Stéphane Degout ou Cyrille Dubois, il sera difficile de faire la fine bouche, à moins que la mise en scène de Dmitri Tcheniakov ne soit pas inspirée. A suivre…
En attendant, nous le savons déjà, il y aura des grands rendez-vous et des déceptions mais cela ne nous empêche pas de voter une nouvelle fois pour Paris en 2018-2019 !