Découvertes visibles et invisibles au Musée de la Musique de Paris
Il n’y en a pas tant que cela dans le monde. D’ailleurs pour en voir un, il faut se déplacer à Londres, à Bruxelles, à Berlin, à Bologne ou à Paris. Le tout jeune Musée de la Musique, voisin de la Cité du même nom et de la Philharmonie, fête ses 20 ans. Belle occasion pour revisiter ses classiques…
A quoi peut bien servir un musée de la musique ? La question peut sembler incongrue et pourtant, le plus immatériel de tous les arts reste l’impalpable musique. Tous les opéras et les salles de concert du monde sont autant de musées où les sons sont célébrés à chaque spectacle. La musique vivante a-t-elle besoin de s’enfermer dans des pièces sombres et poussiéreuses ? Mais sans musées, quid des connaissances, de la transmission et surtout, de la conservation ?
Lors d’une conférence de presse à l’occasion des 20 ans du Musée de la Musique, aux côtés de sa charmante Directrice Marie-Pauline Martin, Laurent Bayle, directeur général de la Cité de la Musique - Philharmonie de Paris rappelait que les musées sont des outils de conscience pour juger le présent. La pédagogie étant une des missions des salles du Nord-Est parisien, toute l’installation offre un parfait instrument de connaissance.
L’accrochage des pièces a évolué en vingt ans, nous ont expliqué les deux conservateurs enthousiastes et grands connaisseurs, Jean-Philippe Echard et Thierry Maniguet. Suivant la perception que nous nous faisons d’une musique universelle, de superbes pièces d’Afrique ou d’Asie sont maintenant exposées. Les guitares électriques ont rejoint celle de Django Reinhardt qui porte les marques d’usure laissées par l’artiste. Une émouvante vitrine sur la première guerre mondiale présente un étonnant violoncelle réalisé à partir de caisses de munitions.
La vie fragile des instruments de musique
L’on navigue de salle en salle, d’instrument en instrument avec pour chacun, une histoire comme celle du célèbre clavecin de Ioannes Couchet. Les objets sortent parfois de leur écrin pour se faire entendre dans l’amphithéâtre ou les salles de concert toutes proches mais pas tous. Les variations d’hydrométrie peuvent être fatales à de précieux objets fragilisés par le temps. L’espace public du musée ne présente qu’une partie émergée de l’iceberg.
Nous avons eu le grand privilège de pénétrer dans le laboratoire de recherche et de restauration piloté par le sémillant et captivant Stéphane Vaiedelich. Loin des regards du public, c’est dans cet endroit magique que l’on comprend ce que les mots « conservation » et « recherche » signifient. Pour retrouver le son perdu d’un luth, cet inspecteur scientifique traque les moindres indices, tout en se battant contre des ennemis mortels comme le millepatte xylophage. Un travail titanesque pour transmettre un bout de savoir aux générations futures anime les équipes passionnées du Musée de la Musique. D’ici-là, il mérite amplement la visite de ses contemporains… CCC vous y encourage vivement !