Le Dresdner Musikfestspiele, sommet de la vie culturelle et musicale
Dresde est un écrin magnifique où se nichent quelques joyaux. Le mélomane peut citer ses orchestres et son opéra, sans oublier son festival. Le Dresdner Musikfestspiele fait-il honneur à sa ville ? Réponse…
Lorsque l’on est un mélomane amateur d’art et de culture, il est impossible de ne pas tomber amoureux de la ville de Dresde. Sur une boucle de l’Elbe, la capitale de la Saxe concentre dans son vieux quartier suffisamment de musées, de palais et de lieux historiques pour ravir les amateurs les plus exigeants. Pour prendre un exemple des plus parlants, c’est sur l’un des tableaux exposés à la Gemäldegalerie Alte Meister (la Madone Sixtine de Raphaël) que l’on trouve les deux plus célèbres puttini de toute l’histoire de l’art. Tomber nez à nez avec ces chérubins superstars au détour d’une visite procure son petit effet ! Dresde est également une ville de musique classique qui peut s’enorgueillir de posséder deux orchestres prestigieux, un opéra historique (le Semperoper), une salle de concert moderne (le Kulturpalast) et surtout un festival éclatant.
Les grands noms présents sur scène
Le Dresdner Musikfestspiele accueille sur un peu moins d’un mois les grands musiciens internationaux. Cette saison 2019, à l’invitation du directeur artistique, le célèbre violoncelliste Jan Vogler, ont répondu présents Anne-Sophie Mutter, Hélène Grimaud, Yo-Yo Ma, Daniel Barenboim, Valery Gergiev mais également Mirga Gražinytė-Tyla, Lisa Batiashvili, Barbara Hannigan ou Jean Rondeau. Toutes générations confondues, les noms des artistes qui se succèdent sur les fameuses scènes de Dresde aident à imaginer la belle richesse étalée en peu de temps.
Autre attrait du festival, son orchestre car les Dresdois s’enivrent à l’année des sonorités de la Sächsische Staatskapelle Dresden, du Dresdner Philharmonie et depuis l’été 2012, du Dresdner Festspielorchester ! Issus des rangs de l’Academy of Ancient Music, du Balthasar-Neumann-Ensemble, de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, du Concentus Musicus Wien, d’Il Giardino Armonico, des English Baroque Soloists ou encore du Cercle de l’Harmonie, les musiciens historiquement informés jouent un large répertoire sur instruments d’époque.
Esprit es-tu là ?
Le 30 mai 2019, la formation était à l’affiche d’un brillant programme Saint-Saëns et Berlioz qui devait être dirigé par Stéphane Denève. Hélas retenu par le Koninklijk Concertgebouworkest, il a cédé sa place à Constantinos Carydis qui n’a pas su incarner les épisodes de la Symphonie Fantastique. Pièce à thème, le chef-d’œuvre de Berlioz demande une maîtrise des couleurs, des ambiances, des tensions et de la masse orchestrale pour traduire les errements de l’âme romantique. Plutôt à la recherche de l’effet facile, le chef grec a gonflé les sonorités pour tomber dans le prosaïsme traduisant l’esprit de cette Fantastique en machine à bruit. En revanche, le Concerto pour Violoncelle de Saint-Saëns a permis d’apprécier l’orchestre qui respire magnifiquement. La partie soliste a été tenue avec virtuosité par Jan Vogler en personne, visiblement heureux d’être sur scène pour partager une énergie communicative.
Les concerts du Dresdner Festspielorchester complètent la liste des orchestres invités (Wiener Philharmoniker, City of Birmingham Symphony Orchestra, Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia..) aussi prestigieuse que les artistes à l’affiche. Comme tout festival accompli, le Dresdner Musikfestspiele ouvre les portes du Kulturpalast, du Semperoper mais aussi de quelques églises, châteaux ou musées incontournables. En toute saison et particulièrement de mi-mai à début-juin, Dresde est une étape obligée pour les mélomanes voyageurs. A coup sûr, ils y vivront intensément leur passion pour la musique et pour les Arts.