Mode d'emploi : comment s'habiller pour aller à l'opéra ?
Loin d’être un sujet tarte à la crème, la façon de s’habiller à l’opéra peut être un véritable casse-tête pour celui qui y va pour la toute première fois mais aussi pour le mélomane habitué qui ne sait pas forcément s’y retrouver à l’étranger. Disons-le d’entrée de jeu, il n’y a pas vraiment de règle !
Prenons deux exemples parlants avec Paris et Milan, deux capitales de la mode, s’il en est… A Paris, il était de bon ton de s’habiller en robe de soirée et en costume ou même parfois, en smoking. Une révolution étant passée par là, les années soixante-dix ont vu l’émergence d’un art qui se voulait populaire et ouvert à tous. Cette démocratisation de la culture ne pouvait laisser l’opéra de côté qui a toujours souffert de sa réputation élitiste. On attribue à Rolf Liebermann, (grand directeur de 1973 à 1980) le fait d’avoir déclaré accepter les « jeans baskets » dans l’enceinte du Palais Garnier. Depuis, il n’y a plus véritablement de code vestimentaire à l’Opéra national de Paris.
A Milan, croit-on, les tenues élégantes sont de rigueur. Ce n’est pas tout à fait faux mais ce n’est pas exact non plus. Les spectateurs seront certainement déçus en constatant qu’ici non plus, les belles robes ne courent pas les loges. Comme dans toutes les grandes salles internationales, les aficionados ne font pas forcément beaucoup d’efforts et viennent la plupart du temps, en costume de ville, comme pour aller au cinéma. Le contraste sera saisissant car à l’inverse, de belles italiennes et quelques fringants touristes profitent d’une sortie exceptionnelle pour mettre leurs plus beaux habits. Milan rejoint Paris en cela car dans la capitale française, vous pourrez voir également des japonaises en kimono traditionnel. Il y a d’ailleurs quelques soirées de gala où il vaut mieux être très bien habillé si l’on ne veut pas passer pour le cousin de province.
Il reste quelques capitales de la musique classique où le vêtement de sortie est plus approprié comme à Vienne ou à Prague où une clientèle un peu âgée perpétue une tradition devenue désuète ailleurs.
Vêtement de ville ou tenue de soirée ?
Tout ceci n’arrange pas nos affaires et ne répond pas à la question : vêtement de ville ou tenue de soirée ? Une réponse de normand serait de dire qu’il y aura toujours des spectateurs mieux habillés que vous mais également des spectateurs moins bien vêtus. L’essentiel étant de se sentir bien, il vaut mieux viser l’entre-deux, le décontracté chic à Paris ou le chic décontracté à Milan, en évitant les impairs.
L’opéra est vécu par certains comme un spectacle hors du commun où il convient, par respect pour l’orchestre et les chanteurs, de se montrer à son meilleur. Il ne faut pas décourager les enthousiasmes. D’un autre côté, on peut fréquenter les salles de spectacles comme on va au cinéma, personne n’y trouvera à redire… Il faut respecter les deux optiques. Toutefois, un spectateur en short et tong (la fameuse gougoune québécoise ou la savate deux doigts de la Réunion) pourra se faire remarquer dans les ors et les velours des opéras. En queue de pie, un mélomane attirera également des regards, peut-être plus aimables.
En résumé, si vous souhaitez vous habiller pour assister à une représentation de La Traviata, faites-le ! Si vous préférez venir comme vous êtes, ne vous gênez pas ! L’essentiel reste toujours ce qui se passe sur scène et pas dans la salle.