Top 10 des idées reçues sur l'opéra
Les idées reçues sont souvent à la source de ces épouvantables fake news qui font élire les chefs d’état les plus improbables. Parfois persistants, les poncifs peuvent faire des ravages en creusant irrémédiablement des fossés entre les êtres humains. La culture, hélas ! n’est pas épargnée par cette maladie dont le pire symptôme est le rejet de l’autre. Alors qu’elle est un formidable outil d’ouverture, elle peut être perçue comme l’ennemie par ceux qui s’en sentent exclus.
Les mélomanes ne sont pas les plus à plaindre même si certains malentendus demeurent. Sous prétexte d’élitisme, les passionnés de musique classique peuvent facilement être considérés comme des étrangers qui ne font pas partie du même monde.
Dans un combat que chacun doit mener contre les idées reçues, CCC s’évertue (modestement) à dénoncer quelques clichés sur le monde de l’opéra. La légèreté est de mise car avec l’humour, elle offre un baume idéal pour apaiser les tensions. Voici quelques exemples de phrases les plus souvent entendues…
“L’opéra, c’est trop cher !”
210 euros en catégorie Optima à l’Opéra Bastille est en effet un prix élevé. Mais si l’on considère l’orchestre d’une centaine de musiciens, les artistes sur scène, les techniciens en coulisse, les décors, les costumes et tous les personnels qui œuvrent à la magie du spectacle, il sera facile de relativiser. Jouons aux comparaisons : combien pour un billet au Stade de France ou pour un concert de Céline Dion et combien de personnes sur scène ?
“De toute façon, il n’y a jamais de place à l’opéra !”
Tout à fait vrai pour les spectacles qui affichent des stars internationales mais contrairement à l’idée reçue, on peut obtenir des places parfois jusqu’à la dernière minute. Les salles s’organisent souvent pour proposer une offre variée en n’oubliant personne. Pour le spectateur même s’il vaut mieux s’y prendre à l’avance pour obtenir les meilleurs sièges dans la catégorie, la réservation est comparable à celle de n’importe quel théâtre.
“L’opéra, c’est réservé aux personnes âgées !”
Même s’il est vrai que la moyenne d’âge est assez élevée, elle correspond à la courbe sociologique des amateurs qui s’intéressent davantage à l’art après 50 ans. Dans la salle, tous les publics cohabitent de 7 à 107 ans. De nombreuses manifestations sont même réservées au moins de 28 ans comme les avant-premières de l’Opéra national de Paris où le prix de la place jeune est de 10 euros.
“A l’opéra, il faut bien s’habiller !”
Depuis les années 70, les spectateurs en jeans sont aussi bien accueillis que ceux en robe de soirée. Comme dans n’importe quelle salle de spectacle, une tenue correcte est exigée. Même si l’on a déjà vu des touristes en short, il est vrai que dans certaines villes d’Europe, les mélomanes aiment encore marquer le coup en s’habillant chic mais rien n’est imposé.
“Il faut s’y connaitre en opéra pour tout comprendre !”
Comme en littérature, les classiques côtoient les modernes avec un répertoire très vaste. En revanche, nul besoin de connaître le solfège ou d’être un intellectuel pour l’apprécier, la musique est un art immédiatement abordable. Certaines œuvres sont plus faciles que d’autres mais rien ne dit que d’un spectateur à l’autre les choix soient les mêmes. Comme en gastronomie, il y en a pour tous les goûts. Il est vrai en revanche qu’un palais habitué aux grands plats saura mieux déceler la finesse de certaines interprétations.
“A l’opéra, c’est toujours la même histoire. Les personnages meurent tous à la fin !”
C’est l’un des clichés les plus répandus. Il est vrai que bien souvent dans les grands opéras italiens comme ceux de Verdi, le baryton et/ou la mezzo sont jaloux du ténor qui aime la soprano. Mais il n’y a pas que les Italiens ! Que l’on jette un œil sur les opéras de Richard Strauss, de Mozart ou même de Rossini pour se rendre compte de la variété des livrets. Chose incroyable, il existe également des opéras où l’on rit !
“Tous les compositeurs d’opéra sont morts !”
L’opéra est un art bien vivant et chaque année de nombreux compositeurs créent leurs nouvelles œuvres. Parmi les plus actifs, l’on peut citer Philippe Boesmans, Kaja Saariaho, Georges Benjamin, Peter Eötvos ou John Adams. Ici encore, leurs univers sont très variés et les histoires qu’ils racontent en musique aussi différentes que leur style. Pour un spectateur qui n’a pas peur de la découverte, l’expérience proposée peut être parfois au-delà de ce que l’on imagine. Dans la musique et grâce à la technique moderne, tout est possible.
“Les chanteurs d’opéra sont tous obèses !”
Mouchoir à la main dans son costume XXL, Luciano Pavarotti avec son sourire tout aussi épanoui que son estomac est l’image d’Epinal du chanteur lyrique. Il y a autant de contre-exemples avec Maria Callas, Natalie Dessay, Roberto Alagna ou Jonas Kaufmann. La Castafiore quant à elle est un personnage de fiction. En principe, tous les physiques sont sur scène mais depuis l’arrivée en force des metteurs en scène de théâtre plus soucieux de véracité, le physique compte de plus en plus, hélas !
“A l’opéra, on ne comprend rien à ce qu’ils chantent !”
Rappelons tout d’abord que les chanteurs lyriques ne possèdent pas de micro. Pour amplifier leur voix, ils ont recours à une technique incroyable qui leur permet de couvrir un orchestre entier pour se faire entendre dans des salles de 3 000 personnes. Le chant est un art aux multiples difficultés. La diction (dans plusieurs langues) rajoute à la chose. Il est injuste de généraliser car de très nombreux artistes sont tout à fait compréhensibles et ils sont d’autant plus admirés pour cela. De plus, grâce au surtitrage, il est très facile de suivre les intrigues.
“A l’opéra, les productions sont poussiéreuses !”
Les spectateurs d’opéra sont nombreux à s’imaginer qu’en poussant la porte de ces maisons majestueuses, ils vont retrouver la même emphase sur scène avec des décors et des costumes sortis tout droit du XVIIe siècle. Il y a sans doute ici l’un des plus grands malentendus car depuis longtemps, les metteurs en scène se sont emparés du genre pour produire des spectacles d’une intensité insoupçonnée. Une véritable révolution a eu lieu et même si quelques productions « traditionnelles » sont encore à l’affiche, elles ne constituent plus la majorité.