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Retour à la Philharmonie et nouveau départ à l’Orchestre de Paris

Retour à la Philharmonie et nouveau départ à l’Orchestre de Paris

Voilà quatre long mois que le mélomane est privé de son carburant essentiel, le spectacle vivant ! Aussi, lorsque la Philharmonie de Paris rouvre pour accueillir le nouveau directeur musical de l’Orchestre de Paris, il se rue. Aura-t-il vécu un grand moment pour autant ? Compte-rendu...

© Mathias Benguigui

© Mathias Benguigui

Entre la parution de la dernière critique de CCC et de ce nouvel article, quatre mois ont passé. Quatre mois pendant lesquels les mélomanes se sont contentés d’ersatz youtubesques et télévisuels, parfois de qualité. L’expérience du spectacle vivant est pourtant irremplaçable et c’est en retrouvant le chemin des salles que l’on se rend compte à quel point les concerts nous ont manqué. L’accueil que le public a réservé à « son » Orchestre de Paris a apporté la plus parlante des démonstrations. Ce jeudi 9 juillet 2020, alors que la Philharmonie rouvrait exceptionnellement, l’Orchestre de Paris s’est installé sur scène sous une salve d’applaudissements, témoignage chaleureux de l’attachement des spectateurs à leur salle et à leur orchestre.

La protection n’enlève rien au plaisir

Des mesures de sécurité ont été naturellement mises en place par la Philharmonie qui se traduisent concrètement par un port de masque obligatoire, l’absence de vestiaire et le placement raisonné dans la salle avec un siège de distance entre chaque personne ou groupe social (seul le rang est garanti). Sans contrainte ni gêne apparente, les consignes ont été respectées offrant même le petit luxe de ne quasiment pas entendre une toux ou un raclement de gorge, le supplice des oreilles sensibles. Tout sourires sur scène, les musiciens à bonne distance ont accueilli Klaus Mäkelä qui deviendra officiellement leur huitième directeur musical le 1er septembre 2022 (compte tenu de l’agenda de l’artiste, il sera d’abord Conseiller musical avant d’occuper officiellement ses fonctions).

Beethoven section grande classe

Klaus Mäkelä © Mathias Benguigui

Klaus Mäkelä © Mathias Benguigui

Outre la réouverture de la salle à l’acoustique exaltante, l’événement était également la venue de Klaus Mäkelä, le plus jeune chef jamais nommé à ce poste prestigieux. Pour son premier programme officiel, il a habilement choisi Le Tombeau de Couperin de Ravel et la Symphonie No. 7 de Beethoven, deux chefs-d’œuvre synthétisant l’ADN de l’Orchestre de Paris entre Français et grand répertoire. Avec ce chef de 24 ans, l’attrait « bête curieuse » se transforme vite en admiration car ce n’est pas un jeune homme un peu novice qui évolue devant nos yeux mais déjà un chef accompli avec un métier certain. Dans Ravel, sa battue très élégante et même captivante nous annonce un dirigeant qui possède un bras. Le Tombeau de Couperin est fort bien exécuté avec fraîcheur et douce ironie. Le souci du détail est là mais le respect de la partition ne suffit pas à découvrir une personnalité. C’est dans le Beethoven que les attentes seront comblées. Le premier mouvement ample de la Symphonie No. 7 profite du très beau geste de Mäkelä qui maîtrise les tensions. Il ose des accents subtils dans un Allegretto réinventé qui apporte l’émotion attendue. Le Presto n’est pas trop appuyé et permet aux musiciens à l’unisson de s’envoler. Ici encore, on remarque des raffinements inattendus couvrant le rustre Beethoven d’un habit de dentelles comme dans l’Allegro final caracolant mais jamais débraillé. L’Orchestre de Paris est ce soir à son meilleur avec un engagement et une qualité de son qu’il maintient dans l’excellence depuis Paavo Järvi. Les bans maintenant publiés, Klaus Mäkelä semble avoir trouvé son orchestre qui semble avoir trouvé son chef.

Une nouvelle page est en train de s’écrire sous les volutes de la Philharmonie de Paris. L’aventure s’annonce des plus passionnantes.

Deshayes/Haidan mezzos fortissimos à Nice

Deshayes/Haidan mezzos fortissimos à Nice

Beethoven côté chambre avec la Philharmonie de Dresde

Beethoven côté chambre avec la Philharmonie de Dresde