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Khatia Buniatishvili enflamme la Philharmonie de Paris

Khatia Buniatishvili enflamme la Philharmonie de Paris

Pour le fier mélomane parisien, il devient une habitude de se rendre à la Philharmonie de Paris et d’en vanter l’acoustique. Il a pris une autre habitude en assistant chaque année, subjugué, au récital de la flamboyante pianiste Khatia Buniatishvili. Témoignage…

Khatia Buniatishvili et Paris, c’est une histoire d’amour qui dure et qui va même s’intensifiant. Lorsque la superbe pianiste est devenue star, elle a choisi la capitale de la patrie des Droits de l’Homme comme résidence. Chaque saison et parfois même plusieurs fois par an, les parisiens ont la chance de pouvoir applaudir celle qu’ils considèrent comme une des leurs. Ce lundi 25 mars 2019, les chaises rajoutées sur la scène de la grandiose Philharmonie de Paris pleine à craquer ont été une preuve indéniable -s’il en fallait encore une- de la popularité de Khatia.

A 31 ans, l’artiste s’est imposée dans le répertoire virtuose avec une fougue qui n’est pas sans rappeler une autre grande dame du piano. Pourtant, les habitués qui ont suivi son parcours de près n’ont guère été étonnés en découvrant le programme de ce nouveau récital consacré principalement à Schubert le sensible. Bien qu’elle excelle dans les fureurs de Liszt ou dans les complexités de Rachmaninov, grâce à son toucher sophistiqué, Khatia Buniatishvili fait également merveille dans les subtilités romantiques les plus intimes.

L’absolue maîtrise des tempos

En première partie, la Sonate D 960 dernière composée par Franz Schubert, est amorcée avec une attaque moelleuse et alanguie que les puristes jugeront inhabituelle. En effet, nous ne sommes pas tout à fait chez Schubert mais dans cet entre-deux que l’on nomme interprétation. Il faut donc accepter de se laisser porter par la pianiste absolument maîtresse des tempos. La longue phrase molto moderato coule librement, ponctuée par des élans qui contrastent réellement avec l’ensemble.

© Capture Youtube

© Capture Youtube

En donnant ce relief inattendu, même les plus sceptiques chavirent et succombent notamment lors des passages en mineur, grands moments d’intense émotion. Le célèbre Andante sostenuto qui se traîne quand même un peu est plutôt abordé avec un tempo adagio. Une fois encore, passée la surprise des premières secondes, l’on se laisse complètement bercer par le jeu de Khatia Buniatishvili qui semble chercher le dépouillement jusqu’à l’épure. Les notes sont effleurées et le son s’évapore. Avec une main gauche qui souligne quelques traits, le Scherzo éclate dans une infinie fantaisie comme le Finale Allegro où l’interprète semble badiner. Elle ravit son auditoire conquis.

Et Schubert devint Liszt

Une habile métamorphose s’opère dans la seconde partie du récital avec des Lieder de Schubert transcris pour piano seul par Franz Liszt. L’admirable Ständchen servi par un toucher extraordinaire précède Gretchen am Spinnrade où le compositeur n’a pas tout à fait réussi à faire entendre la voix chantée. Erlkönig est non seulement un chef-d’œuvre du Lied mais aussi de la transcription. La pianiste fait entendre l’orage comme personne avec une virtuosité flamboyante qui se fait oublier au profit d’une expressivité à couper le souffle. L’Etude d'exécution transcendante No. 4 "Mazeppa" de Liszt est dans la même veine « ébouriffante ». La pianiste légèrement moins précise enflamme son auditoire avant la Rhapsodie hongroise No. 6 d’une belle profondeur. En bis, la délirante et virtuosissime Rhapsodie No. 2 et un Schubert délicat finissent de mettre les spectateurs de la Philharmonie debout pour acclamer Khatia Buniatishvili, admirable star du piano.

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