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Jukka-Pekka Saraste, un nouveau chef à l’Orchestre de Paris

Jukka-Pekka Saraste, un nouveau chef à l’Orchestre de Paris

Avant que le virus n’empêche les réjouissances, les spectateurs de la Philharmonie de Paris ont eu la chance d’assister au dernier concert de l’Orchestre de Paris avec Jukka-Pekka Saraste à sa tête. Le chef finlandais a sans doute marqué des points dans la course à l’investiture. Explications...

Jukka-Pekka Saraste © Felix Broede

Jukka-Pekka Saraste © Felix Broede

Même si quelques rumeurs se répandent dans l’air de la capitale française, les paris sont toujours en cours pour savoir qui sera le prochain directeur musical de l’Orchestre de Paris. Ce mercredi 4 mars 2020 sur la scène du fier paquebot de la Philharmonie de Paris, un nouveau capitaine a fait son entrée dans la course au titre. Jukka-Pekka Saraste est un chef souvent applaudi par le public français même si, curieusement, il ne possède pas la même aura que d’autres artistes d’une égale envergure. Et pourtant, pour s’attaquer à la 6ème symphonie de Mahler, il faut un bras et un métier.  Le public attentif a pu apprécier le talent d’un maître de musique qui a ouvert le concert en accueillant le baryton star, Stéphane Degout.

Les grands Mahler de Stéphane Degout

Stéphane Degout © Mathieu Zazzo

Stéphane Degout © Mathieu Zazzo

Au concert, les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler font partie du répertoire obligé des grands artistes. Nombre d’entre eux, mezzos ou barytons, ont laissé des souvenirs impérissables. Les qualités de Stéphane Degout, excellent diseur font les délices des mélomanes même si, au début, l’interprétation très intériorisée peut en dérouter certains. Dans Wenn mein Schatz Hochzeit macht, l’orchestre brillant paraît contraster avec la retenue de l’artiste, investi et très touchant. Il survole Ging heut' morgen über's Feld avec un aigu facile et une caractérisation des atmosphères adéquate. La mélancolie s’invite également dans cette pièce d’apparence pourtant joyeuse. Jukka-Pekka Saraste impressionne dans Ich hab' ein glühend Messer avec des attaques franches à la tête d’un Orchestre de Paris où les pupitres rivalisent de beaux sons. Le Lied expose le baryton qui fait corps avec la formation dans un jeu à la fois nuancé et éclatant. Die zwei blauen Augen von meinem Schatz est sans doute le plus poignant des quatre Lieder. Grâce au sur-titrage qu’offre la Philharmonie de Paris, il est captivant de suivre les inflexions du texte dans la voix de Degout qui donne une interprétation de Lieder eines fahrenden Gesellen certes aboutie mais qui peut évoluer encore.

Grand Orchestre cherche grand chef

© DR

© DR

La durée de la deuxième partie du concert explique sans doute la brièveté de la première où malgré les applaudissements fournis, les spectateurs n’ont pas eu de bis. La Symphonie No. 6 de Mahler dite « Tragique » est une œuvre d’ampleur qui sied particulièrement bien à l’acoustique phénoménale de la Philharmonie, surtout avec une direction comme celle proposée par le chef. Le célèbre Allegro energico, ma non troppo est abordé avec un lyrisme qui gomme légèrement l’accent implacable mais qui inscrit d’emblée l’interprétation dans une vision d’ensemble. Le deuxième mouvement Scherzo avec ses accélérations un peu folles et un tempo appuyé ressort plus sec comme en écho au premier mouvement. L’Andante superbement mené apporte un moment d’émotion diffuse avant l’entrée dans le grand final, le plus long composé par Mahler. Les coups bien sonnés ponctuent le mouvement Allegro qui trouve cependant moins de cohérence que les trois premiers. L’écriture disparate de Mahler oblige sans doute le chef à chercher un liant plus difficile à obtenir ici. Chaque pupitre de l’Orchestre de Paris a été abondamment applaudi à raison car les musiciens se sont tous montrés sous leur meilleur jour et à un niveau remarquable. Cette nouvelle rencontre entre un grand chef et un orchestre en demande pourrait bien rebattre les cartes... A l’issue de ce beau concert, il paraît évident que Jukka-Pekka Saraste reviendra diriger l’Orchestre de Paris de nouveau, au moins comme chef invité.

Beethoven côté chambre avec la Philharmonie de Dresde

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