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De Lyon au Festival, Daniele Rustioni partagé entre Berlioz et Ravel

De Lyon au Festival, Daniele Rustioni partagé entre Berlioz et Ravel

Conquis par la direction de Daniele Rustioni, le mélomane a pu applaudir le chef à l’Opéra de Lyon, mais également au Festival Berlioz où il s’est mesuré à la folie shakespearienne du grand romantique. A-t-il séduit les festivaliers ?

Daniele Rustioni, Orchestre de l’Opéra National de Lyon ©Festival Berlioz-Bruno Moussier

A la surprise des mélomanes, l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon est venu en voisin à la Côte-Saint-André non pas proposer aux spectateurs du Festival Berlioz une version de concert d’un opéra mais pour une soirée 100% symphonique. Fort du triomphe remporté à Aix-en-Provence, avec sa direction parfaite de Madama Butterfly, Daniele Rustioni a à cœur de rappeler au monde lyrique qu’il est également un grand directeur symphonique. Ce soir du 31 août 2024, Roméo et Juliette de Berlioz et Daphnis et Chloé de Ravel ont donc été joués dans une version amputée des parties vocales. De la musique, rien que de la musique mais Rustioni n’oublie pas l’essentiel, faire chanter son orchestre.

Berlioz, as-tu du chœur ?

Daniele Rustioni, Orchestre de l’Opéra National de Lyon ©Festival Berlioz-Bruno Moussier

L’ADN d’un Festival Berlioz est bien évidemment la musique du génial compositeur et dans la famille des œuvres à questionnement, Roméo et Juliette occupe une place en tête de gondole. En grand admirateur de Shakespeare, Hector ne pouvait que tomber sous le charme des héros de Vérone. Même si sa première intention a été de composer un opéra, Berlioz, refroidi par ses échecs critiques successifs et, selon ses dires, par la difficulté à trouver des chanteurs capables de défendre sa musique, a opté pour le genre symphonique. Sa personnalité bouillonnante l’entraîne à bousculer les codes (une fois de plus) et, après la Symphonie fantastique et Harold en Italie, à créer une symphonie d’un nouveau genre, à programme et avec chœur. Cet autre chef-d’œuvre est moins fréquemment à l’affiche que son chef-d’œuvre fantastique mais n’en reste pas moins célèbre grâce à ses parties chantées (« Premiers transports que nul n’oublie ! », « Mab ! la messagère ! »). L’enjeu, lorsque qu’on ne se concentre que sur les parties purement instrumentales, est de faire oublier l’architecture de l’ensemble ou d’empêcher le mélomane de chercher à recomposer les pièces du puzzle. La belle énergie de Daniele Rustioni emporte l’adhésion même si le mélomane a plus l’impression d’entendre une bande-annonce que le concert lui-même. Lorsque l’on est habitué à se laisser porter par cette fresque shakespearienne sensible dans sa durée, l’ensemble paraît un rien précipité et surtout, bien trop court !

Ô Daniele ! Daniele ! Pourquoi es-tu Daniele ?

Daniele Rustioni, Orchestre de l’Opéra National de Lyon ©Festival Berlioz-Bruno Moussier

Il sera plus aisé de se laisser enivrer par les volutes de la musique de Ravel, dans la deuxième partie du concert. A l’inverse de Roméo et Juliette, les versions complètes sont moins souvent données que les suites de Daphnis et Chloé où les chœurs sont absents. Daniele Rustioni est un berliozien à n’en pas douter mais c’est cependant avec Ravel qu’il exprime le plus sa personnalité de chef qui possède un bel instrument à sa disposition. Nommé directeur musical de l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon depuis la saison 2022-2023, il connait bien l’ensemble puisqu’il dirige l’Opéra de Lyon depuis 2017. Cette nouvelle casquette de symphoniste lui permet une totale liberté dans l’approche du chef-d’œuvre bien connu. Une certaine rapidité dans le « lever du jour »  donne l’impression d’un soleil un peu plus pressé qu’à l’habitude mais l’on comprend l’intention du chef qui cherche un développement en puissance pour faire rugir son orchestre. Les notes finales explosent sans pour autant tomber dans trop de démonstration car le trait est souvent souligné, jamais forcé. Les membres de l’orchestre portent la vision du chef avec un sérieux métier. L’on remarque tout particulièrement les flûtes, superbes, dans un ensemble où chacun rivalise de beauté et de technique. Capable de grandes subtilités (comme dans le récent Butterfly) comme d’effusions sonores comme dans ce Ravel, Daniele Rustioni n’est jamais là où on l’attend. Il est assurément un chef à suivre de près et qui a toute sa place au sein d’un prestigieux rendez-vous comme le Festival Berlioz.

Daniele Rustioni, Orchestre de l’Opéra National de Lyon ©Festival Berlioz-Bruno Moussier

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