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L’Olimpiade, première victoire à Paris aux Champs-Elysées

L’Olimpiade, première victoire à Paris aux Champs-Elysées

Les JO de Paris 2024 occupent une grande partie de la scène médiatique laissant tout de même une petite place aux Olympiades culturelles. Une première épreuve lyrique se déroule au Théâtre des Champs-Elysées où L’Olimpiade de Vivaldi sort couronné. Explications…

L’Olimpiade  (Marina Viotti et Jakub Józef Orliński) © Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées

Dans toute la France et particulièrement à Paris, on souhaiterait ne plus parler que de cela car les camps qui s’affrontent pour aller plus vite, plus haut, plus fort, ensemble (le mot a son importance), font honneur à l’Humanité tout entière. En sport comme en musique classique, l’amour de l’art et la recherche du geste ou du son parfait élèvent les âmes vers les dieux de l’Olympe. Depuis le 20 juin 2024, l'excellence est sur scène au Théâtre des Champs-Elysées où les artistes s’en donnent à cœur joie dans la dernière production de la saison. En réunissant un plateau divin, L’Olimpiade de Vivaldi clôt fort opportunément 2023-2024 avant les « vrais » Jeux olympiques de Paris. Le temps d’une soirée, les joutes en vocalise ont remplacé le chaos et fait oublier les angoisses d’un temps incertain que les augures annoncent bien sombre.

Un novice en mise en scène d’opéra récolte une médaille

L’Olimpiade  (Jakub Józef Orliński) © Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées

Dès l’ouverture, le ton est donné. Sur scène, des sportifs en justaucorps et aux muscles saillants prennent la pose comme les statues grecques, avant d’entamer un pas de danse trépidant assez ridicule (dans la chorégraphie énergique de Raphaëlle Delaunay). Les mélomanes qui imaginent que les athlètes ne sont que des brutes épaisses insensibles à l’art en seront pour leurs frais, quoique ! Se mêlant aux danseurs, Jakub Józef Orliński dans le rôle de Licida est ensuite rejoint par son ami Megacle, la mezzo Marina Viotti, dans un improbable costume de bodybuilder. Freluquet en comparaison, le pourtant bien bâti Jakub incarne un benêt tout frisé, coiffé d’une perruque blonde qui pose son caractère de ravi de la crèche. Pour sa toute première mise en scène lyrique, Emmanuel Daumas a pris le parti du rire et il a bien fait ! L’histoire gentiment abracadabrantesque imaginée par Métastase ne brillant pas par sa simplicité (Megacle aime Aristea également courtisée par Licida, ancien amant d’Argene amie d’Aristea et à cet imbroglio s’ajoute la tragédie de son jumeau perdu qui n’est autre que… Licida !), l’option du divertissement était sans doute la meilleure. Le metteur en scène ose des clins d’œil bienvenus comme l’arrivée de monstres sur la chorégraphie, familière au Théâtre des Champs-Elysées, du Sacre du Printemps. Dans cet univers éclectique où évoluent des silhouettes échappées du Satyricon de Fellini dans un décor de gymnase, quelques moments de pure poésie viennent ponctuer l’action. Quentin Signori, acrobate de grand talent, subjugue dans un numéro aérien de toute beauté.

Acteur, chanteur et danseur sexy, Jakub Józef Orliński fait le show

L’Olimpiade  (Caterina Piva et Quentin Signori) © Vincent Pontet / Théâtre des Champs-Elysées

Jean-Christophe Spinosi est un complice idéal qui joue sur les ambiances quitte à sortir du cadre strict de sa partition. Avec l’Ensemble Matheus, il est l’incontournable spécialiste de Vivaldi depuis des années et pourtant sa direction surprend. Moins radicale sans doute, elle a gommé petit à petit la rage pour offrir plus de nuances dans une théâtralité qui gagne en intensité musicale. Le plateau vocal est dominé par les deux stars à l’affiche. Très à l’aise dans le répertoire baroque, Marina Viotti étale son superbe mezzo dans un rôle où elle se montre souvent émouvante. Plus sollicité physiquement, Jakub Józef Orliński ne s’économise pas sur scène où il fait même un amusant (quoiqu’anecdotique) petit numéro de breakdance. Détimbré dans la premier air, la voix pâtit parfois de ce surplus d’activité mais avec l’aria « Mentre dormi », le contreténor envoute son auditoire pleinement conquis. Le personnage d’Aristea prend de plus en plus de consistance comme le mezzo clair de Caterina Piva qui s’épanouit petit à petit. La regrettée Jodie Devos, distribuée à l’origine dans le rôle d’Aminta, n’a pas été oubliée avec un vibrant hommage que lui ont rendu Michel Franck, le directeur du TCE, et toute la salle debout. Des larmes aux rires, Luigi De Donato (le roi Clistene) possède un vrai tempérament comique qui éclipse légèrement Christian Senn dans le rôle du comparse Alcandro mais les deux artistes se montrent tour à tour convaincants dans leurs arias bien chantés. Delphine Galou est étonnamment peu audible en Argene ce soir de première avec des vocalises moins époustouflantes qu’à l’habitude. Avec quelques duretés dans la voix, la méforme passagère ne semble pas avoir épargné non plus Ana Maria Labin (Aminta) alors que lui revient le célèbre aria « Siam nave » plutôt réussi. Avec cette Olimpiade réjouissante, Thalie devance Euterpe et offre la première place du podium à la comédie qui coiffe la musique sur le poteau.

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