Révélations et grandes maisons d'opéra au Théâtre du Châtelet (1ère partie)
Pour l’Europe et pour le monde même, tous les espoirs sont à Paris. Les grandes maisons envoient le meilleur de leurs jeunes talents pour faire trembler les murs du Théâtre du Châtelet avant sa disparition du paysage lyrique pour deux ans ! Explications…
A Paris, avant sa fermeture pour travaux, une excellente initiative a été prise par le Théâtre du Châtelet qui vient tout juste de programmer un Festival international des Académies lyriques. Au cours de six soirées dans le cadre intime du grand foyer, sont présentés les jeunes artistes prometteurs du Metropolitan Opera de New-York, du Bolchoï de Moscou, du Deutsche Oper de Berlin, de l’Opéra national de Paris, du Teatro alla Scala de Milan et du Royal Opera House - Covent Garden de Londres.
Un récital de qualité et équilibré
Lors du concert du 1er février, nous avons pu apprécier les voix de Siobhan Stagg (soprano), Ronnita Miller (mezzo-soprano), Attilio Glaser et Matthew Newlin (ténors) de la troupe du Deutsche Oper, accompagnés par John Parr, un brin prosaïque au piano. Plus tout à fait débutants, ces artistes tiennent déjà les premiers rôles. Ceci explique sans doute la très belle qualité du récital équilibré entre mélodies et airs d’opéra.
Siobhan Stagg et Attilio Glaser ont ouvert la soirée avec des lieder de Richard Strauss. La soprano australienne possède un aigu pur qui sied au compositeur avec une belle intelligence du texte et une touche de poésie en bonus. Le fameux air de Louise « Depuis le jour » est interprété sans mièvrerie dans un français correct avec un léger manque d’homogénéité.
Le ténor allemand Attilio Glaser possède une voix indéniablement faite pour l’opéra, un peu moins pour l’exercice délicat du récital de lieder car la puissance emporte les nuances avec elle. La démonstration de décibel est convaincante car la voix est saine. Son Duca di Mantova de Rigoletto emporte l’adhésion du public.
Matthew Newlin, une révélation
Les américains Ronnita Miller et Matthew Newlin n’ont pas choisi la facilité avec des mélodies moins populaires (pour elle, les Sea Pictures de Elgar et les Seven Sonnets of Michelangelo de Britten pour lui). Il est d’autant plus louable de s’y distinguer ! La mezzo au timbre agréable avec un vibrato joliment marqué a compris l’enjeu du récital. Les atmosphères sont bien rendues grâce à la maîtrise du souffle dans les longues phrases d’Elgar envoûtantes. La mezzo aurait pu s’abandonner à plus de sensualité dans « Mon cœur s’ouvre à ta voix », l’air de Dalila dont elle possède les graves sombres.
Comme la cerise sur le gâteau, Matthew Newlin est une révélation. Même si le ténor n’est pas tout à fait un inconnu ici (il était le sbire de l’Eliogabalo de Franco Fagioli au Palais Garnier), il a électrisé l’audience avec l’air de Roméo « Ah ! lève-toi, soleil » dans une prononciation impeccable. Auparavant, il s’est joué des difficultés dans le cycle de Britten en déployant de grands moyens et une technique sûre.
Pour la découverte et pour profiter d’une proximité immédiate avec les artistes de demain, il faut se précipiter au Théâtre du Châtelet. Les prochains rendez-vous du 4, 6 et 8 février sont donnés par l’Opéra national de Paris, la Scala et Covent Garden. Compte-rendu à suivre…