100 maux de l’Opéra et autres plaisirs pour mélomane
En cette rentrée littéraire, entre le nouvel Amélie Nothomb et le dernier Jonathan Coe n’oublions pas notre sujet préféré, la musique classique. Trois ouvrages particulièrement intéressants ont paru. Retour sur quelques plaisirs de lecture…
Du numérique au papier, il n’y a qu’un pont que vient de franchir allègrement nos excellents confrères et amis de Forumopera.com. Aux Éditions Papiers Musique, dans une nouvelle collection intitulée VIA APPIA, trois titres ont paru en mai dernier signés André Tubeuf, Sylvain Fort et Christophe Rizoud.
Mozart et nos chers disparus
Il est heureux de retrouver le style inimitable du grand journaliste André Tubeuf. Dans ce nouveau titre Mozart, le visiteur il consacre non pas « mille tre » mais cent-un courts chapitres au grand Mozart, son compositeur fétiche. De panégyrique, il en est également question dans le deuxième titre de la collection : In Memoriam de Sylvain Fort. Dans cet ouvrage, la célèbre plume politique, éditorialiste et co-directeur de Forumopera.com offre un recueil des hommages écrits au moment de la disparition de quelques grandes figures de l’art lyrique.
De Carlo Bergonzi à Shirley Verrett, seize artistes (comme Elizabeth Schwarzkopf, Gabriel Dussurget ou Nikolaus Harnoncourt) sont évoqués avec profondeur et juste ce qu’il faut de nostalgie pour ne jamais tomber dans le passéisme. Les mélomanes trouveront de précieuses informations et les fans inconsolables, plus qu’un réconfort. Il manque inévitablement quelques noms de nos chers disparus comme celui de Margaret Price par exemple mais qui sait, une suite est envisageable, fatalement !
Quand l’opéra fait mal
Le titre le plus enthousiasment est sans nul doute ces 100 Maux de l’Opéra de Christophe Rizoud. Le mélomane y retrouve avec bonheur le style élégamment détaché du directeur de rédaction qui fait les (très) bonnes lignes de Forumopera.com. Avec érudition et humour, il endosse le costume du parfait chirurgien de l’opéra, également expert de l’âme du spectateur, cet étrange animal qu’il connaît de l’intérieur. Sous forme d’abécédaire, il dissèque les petites contrariétés qui énervent son patient comme aux chapitres Bonbon, Metteur en scène, Smartphone ou Toux (la plus fameuse des plaies).
Bien d’autres maux sont évoqués, des plus troublants (Argent, Lyricomane, Regietheater) aux plus inattendus (Avion, Equilibriste, Marylin). La dent n’est jamais dure même si l’on décèle quelques attaques feutrées contre certaines salles (Bastille) ou des artistes pourtant bien-aimés mais les flèches sont intelligemment décochées, sans amertume affichée. Le mélomane qui se voit si beau en ce miroir picorera avec bonheur parmi ses 100 maux pour rire avant tout de lui-même. Le plaisir se partage à chaque page de cet ouvrage que nous recommandons chaudement.