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Les Ballets de Monaco dans un triptyque effréné et éclatant

Les Ballets de Monaco dans un triptyque effréné et éclatant

À Monaco, le mélomane vient admirer l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo d'autant plus lorsqu’il accompagne la soirée To The Point(e) où trois grands chorégraphes, Wheeldon, Eyal et Maillot, enflamment les Ballets de Monte-Carlo. Compte-rendu... 

Alexandre Joaquim et Michele Esposito, Les Ballets de Monte-Carlo, To the Point(e), Whithin the Golden Hour de Christopher Wheeldon © Alice Blangero

Christopher Wheeldon, Sharon Eyal et Jean-Christophe Maillot font monter les Ballets de Monte-Carlo sur pointes ou sur demi-pointes en ce 24 avril 2024, au Forum Grimaldi du Rocher. Avec des styles différents, le programme To the Point(e) déborde de créativité. Trois mondes se rencontrent : des influences de Klimt au coucher du soleil dans Within the Golden Hour à l’univers sombre d’Autodance en passant par l’ode à la vie dans Vers un pays sage. Une affiche qui fait vivre la virtuosité de la compagnie tant dans la technicité, la versatilité, la cohésion artistique que dans la physicalité de ses artistes. 

Rythme et contraction 

Les Ballets de Monte-Carlo, To the Point(e), Autodance de Sharon Eyal © Alice Blangero

“À l’heure dorée”, ce sont les lumières ocres de Peter Mumford qui suggèrent l’atmosphère. Créé en 2008 pour le San Francisco Ballet, Within the Golden Hour de Christopher Wheeldon est né de l’intérêt du chorégraphe britannique pour la musique de film d’Ezio Bosso. S’est ajouté l’influence de Gustav Klimt, couleurs, lumières, formes et en particulier le doré font éclore le ballet. Sur un rythme très soutenu, le chorégraphe primé propose une écriture technique sur pointes, riche de portés et de port de bras, où la géométrie s’affirme dans les corps. Ezio Bosso et Antonio Vivaldi mènent la cadence grâce à l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (dirigé par Garrett Keast) et notamment la première violoniste Liza Kerob. Pieds flex sur pizzicati, les sept couples de danseurs rappellent des pantins qui lorsqu’ils s’animent, laissent apparaître grâce, délicatesse et fluidité. L’on remarque deux tableaux, un duo vif et haletant où les extrémités des danseurs Alexandre Joaquim et Michele Esposito s’agitent avec précision et netteté. Laura Tisserand et son partenaire Ige Cornelis révèlent un pas de deux éclatant de technicité où les jambes de la danseuse n’en finissent jamais.  
Changement d’ambiance, l’on plonge dans l’obscurité où quatre lignes de lumière en carré habillent la scène. La musique électronique d’Ori Lichtik vibre. Créée en 2018 pour le GöteborgsOperan, Autodance de Sharon Eyal est présentée. Perchés cette fois-ci sur demi-pointes, signe caractéristique de la chorégraphe, les danseurs du Ballet de Monte-Carlo démontrent leur versatilité. Dès les premières minutes, l’on reconnaît la bulle d’ambiance propre à Eyal, lignes du corps déviées, contraction et crispation des membres, marches déroutantes. Les quatorze danseurs incarnent le langage chorégraphique éloigné des autres pièces proposées dans la soirée où un artiste se démarque. Alexandre Joaquim resplendit comme si cette écriture lui était instinctive et naturelle. Ekaterina Mamremko propose un solo, certes trop long mais qui met en évidence un talent certain. La magie opère particulièrement lorsque tous les danseurs parviennent à ne former qu’un seul et même mouvement. Un style identifiable et apprécié qu’on aimerait voir s’épanouir encore plus. 

Musicalité

Les Ballets de Monte-Carlo, To the Point(e), Vers un pays sage de Jean-Christophe Maillot © Alice Blangero

L’ultime pièce de la soirée fait un retour aux pointes. Vers un pays sage de Jean-Christophe Maillot a été présenté en 1995 à l’Opéra de Monte-Carlo en hommage à son père, John Maillot, artiste peintre brûlant de créativité. Le chorégraphe a une écoute parfaite de la musique qui lui permet de proposer une pièce en totale fusion avec la musique de John Adams. Fearful Symmetries, honorablement interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, clôture la soirée sur un rythme fulgurant. Dans une scénographie colorée, les danseurs excellent dans une intensité de mouvement, les trente minutes durant, jusqu’au dernier tableau (celui de Jean Maillot). La richesse de la chorégraphique s’exprime dans la puissance de son écriture. Comme une démonstration des talents de la compagnie, la pièce capte une totale attention. L’on contemple l’aisance des danseurs dans le répertoire de leur directeur qui exalte leur synergie. To the Point(e), programme affûté, est un spectacle magnifiquement interprété par les Ballets de Monte-Carlo qui pourra être à nouveau admiré en février 2025, au Théâtre de la Ville de Paris.  

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