Sortie le 7 janvier 2022 sous le label Alpha Classics

D’enregistrements en enregistrements, Sandrine Piau est en train de construire une impressionnante discographie inédite pour une artiste d’aujourd’hui. Sans rentrer dans le détail de la diversité des répertoires abordés, les disques Haendel représentent à eux seuls un corpus qui force l’admiration. Alors que d’autres célèbres voix livrent un ou deux albums-portrait des grands compositeurs, on ne compte plus les contributions de Sandrine Piau pour des récitals haendéliens ou des intégrales d’opéras et d’oratorios. Après avoir enregistré Haendel sous la direction de Christophe Rousset, William Christie, Fabio Biondi, Rinaldo Alessandrini, Hervé Niquet, Emmanuelle Haïm, et bien d’autres encore ! la soprano chante aux côtés de son collègue Jérôme Correas passé à la direction d’orchestre de son ensemble Les Paladins il y a déjà bien longtemps. L’entente entre les artistes est évidente et se comprend dans un programme ponctué par des extraits de Concerti Grossi comme autant de respirations inspirées où le chef s’illustre. Comme le titre le laisse entendre, ce sont les magiciennes et les femmes puissantes et meurtries qui sont ici chantées. Il suffit de citer les noms de Cleopatra, d’Alcina et Morgana, de Lucrezia pour se souvenir qu’Haendel les a particulièrement bien dépeintes. La question d’une incarnation sur scène ne se pose pas tant l’interprète nous transporte. Cheval de bataille des récitals Haendel, l’exemplaire « Ah mio cor » fait tout oublier tant Sandrine Piau s’y consume (dommage que Correas ne se laisse pas plus emporter par le drame). Chaque pièce se déguste avec gourmandise et même si l’extrait de la cantate La Lucrezia a un goût de trop peu, l’ensemble est une nouvelle réussite qui trouve toute sa place dans la discographie d’une artiste exceptionnelle.