Carl Ghazarossian - J'aurais voulu être une chanteuse
Sortie le 19 novembre 2021 sous le label des Editions Hortus
Voici sans doute le titre de CD le plus accrocheur de la saison. En allant visiter un superbe répertoire réservé habituellement aux voix féminines comme le fait régulièrement la superstar Jonas Kaufmann, le ténor Carl Ghazarossian pourrait surfer sur la vague de la non-binarité si les mélomanes n’étaient pas déjà bien habitués à tous les travestissements. Ils redécouvrent les chansons de Bilitis de Debussy, La Dame de Monte-Carlo de Poulenc ou encore les Frauenliebe und -leben de Schumann et bien d’autres mélodies dans une autre tessiture et cela ne choque en rien, bien au contraire. Excellent diseur, l’artiste incarne les textes avec sincérité et un sens du drame qui touche souvent notamment dans le monologue de Poulenc rendu vivant. La limite est parfois atteinte dans quelques aigus plafonnés qui ne gênent pas vraiment l’écoute. En revanche, le piano un rien prosaïque d’Emmanuel Olivier sans démériter accompagne avec une poésie restreinte. Emporté par son chanteur, il aurait pu développer une folie et une flamboyance plus marquées. Il manque aux magnifiques Adieux de l'hôtesse arabe de Bizet la langueur et la sensualité attendue. Enfin, curiosité dans la curiosité, les Cinq mélodies populaires grecques de Ravel sont chantées dans un grec certes perfectible mais la démarche est suffisamment rare pour qu’on la souligne.