Sortie le 15 novembre 2019 sous le label Maguelone Music

Etrange destin que celui d’Augusta Holmès, compositrice illustre du XIXe siècle et quasiment disparue de tous les livres d’histoire de la musique. Elle a pourtant été élève de César Franck et se trouve être l’exact contemporaine de Gounod et de Saint-Saëns qui l’a plusieurs fois demandée en mariage. Dans sa vie d’artiste, elle s’est rendue à Bayreuth et a rencontré Wagner et Liszt. Elle a même croisé Rossini qui l’a encouragée. Le gouvernement de 1889 lui a passé commande d’une Ode triomphale pour célébrer le centenaire de la Révolution française. L’on imagine que sa liaison adultère avec Catulle-Mendès (cinq enfants sont nés hors mariage) a certainement été jugée scandaleuse à l’époque. Est-ce son indépendance et surtout cette vie de femme libre avant l’heure qui a joué en sa défaveur ? Le mystère reste entier. Le disque qui nous intéresse ici nous fait découvrir le pan lyrique de ses compositions car Madame Holmès a écrit un opéra et plus de 180 mélodies. La soprano Aurélie Loilier met tout son charme et son talent pour réhabiliter la figure de cette illustre compositrice avec une sélection de seize titres parfaitement choisis. Ecrites à un moment charnière de sa vie (alors que son amant venait de l’abandonner), les mélodies offrent à l’interprète un vaste répertoire et lui permettent de varier les couleurs et les émotions même si l’on devine le plus souvent la femme brisée (Augusta Holmès est également l’auteure des textes). Avec l’accompagnement attentif de Qiaochu Li, ce disque est une indispensable découverte qui appelle maintenant d’autres volumes. A noter également qu’Aurélie Loilier a construit un spectacle autour de la vie de la compositrice, à ne pas manquer.