Les cœurs Anachroniques, Haendel arias – Héloïse Mas, Laurence Cummings
Sortie le 14 mai 2021 sous le label MUSO
La mezzo française Héloïse Mas a été Révélation Classique de l’Adami 2014, lauréate 2018 du Concours Reine Elisabeth de chant et mène une carrière internationale principalement dans le répertoire français (elle sera la Charlotte de Werther à l’Opéra de Tours en mai 2022). C’est pourtant Haendel qu’elle a choisi comme compositeur quasi unique de cet enregistrement regroupant les grands airs d’Agrippina, Ariodante, Amadigi, Teseo et même d’Alcina. Ecrit pour une soprano, le sublime « Ah! mio cor! » même transposé pose pas mal de problème à la chanteuse qui a sans doute eu trop d’appétit. D’une beauté incontestable, les arias de Haendel n’en représentent pas moins un véritable défi surtout pour une jeune mezzo pas suffisamment rompue à ce répertoire. Le timbre assez séduisant manque souvent d’homogénéité et les aigus parfois même de justesse (Hercules). La vocalise est fièrement attaquée mais l’interprète passe parfois à côté du propos. La cantate La Lucrezia enregistrée ici est un des grands chefs-d’œuvre de Haendel mais rares sont les grandes voix qui s’y risquent. Elle nécessite une artiste ayant un sens inné du drame et surtout une technique irréprochable. Sans complètement démériter, Héloïse Mas semble mal embarquée dès le premier récitatif « O Numi eterni », la voix manquant de tenue et de souffle. Les notes sont attaquées avec difficulté et ne permettent pas à la tragédienne de s’exprimer avec naturel. A plusieurs reprises, Laurence Cummings à la tête du London Handel Orchestra vole la vedette à l’artiste qu’il est sensé accompagner (Il suol che preme). La basse continue est précise et très expressive mais ne sauve pas l’interprète en trop grande difficulté. Un morceau caché (« O ma lyre immortelle », Sapho de Gounod) arrive de façon bien inopportune et ne sauve pas le disque pourtant prometteur et que nous aurions aimé apprécier davantage.