Sortie le 7 mai 2021 sous le label NoMadMusic

Quel bonheur de pouvoir découvrir une toute jeune artiste à l’aube d’une carrière que l’on pressent très belle ! Le fier label NoMadMusic offre à Célia Oneto Bensaid un premier enregistrement en solo. Les mélomanes connaissent déjà l’intelligence et la sensibilité de la pianiste qui forme un duo avec la soprano Marie-Laure Garnier. La complémentarité des deux jeunes femmes a été remarquée notamment à la Fondation Royaumont, au Musée d’Orsay et dernièrement lors du Festival Filao à la Martinique (compte-rendu à retrouver ici). Le programme habile du CD rapproche des pièces de Maurice Ravel, Philip Glass et Camille Pépin avec une évidente correspondance entre des univers pourtant bien différents. L’artiste a délibérément choisi de rompre les cycles et d’alterner les cinq Metamorphosis de Glass (composées en 1988), les cinq Miroirs de Ravel (1904-1906) et Number 1 de Pépin (2020) « afin de mener à une écoute différente de ces répertoires ». L’intérêt est ainsi relancé sans cesse et l’écoute se double au passage d’une réflexion sur la filiation. Nadia Boulanger qui a été la professeure de Glass fut une des disciples de Ravel. Camille Pépin est une compositrice française déjà reconnue dans son pays. Même si elle n’appartient pas au même courant esthétique que l’américain, son flamboyant Number 1 (écrit en hommage à Jason Pollock) rappelle parfois Steve Reich, un autre minimaliste. Célia Oneto Bensaid nous envoûte et joue à nous perdre comme une magicienne à l’univers fantastique composé de mille notes. La technique évidente (enjoué et vivifiant Alborada del gracioso de Ravel) sait se faire oublier notamment dans les Metamorphosis à l’apparente facilité. La pianiste y construit pourtant un incroyable faisceau de nuances, fascinant à observer et à entendre. Le premier disque de Célia Oneto Bensaid est plus qu’une invitation au voyage, il est déjà la promesse d’un chemin exaltant ponctué comme ici de très belles réussites.