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Paul Ben-Haim : Music of Israel – Omer Meir Wellber

Sortie le 30 octobre 2020 sous le label Chandos

Réputé à la fois à l’opéra et au concert, Omer Meir Wellber est un artiste passionnant qui s’est imposé rapidement dans le monde de la musique classique comme une personnalité à suivre de très près. Chef assistant de Daniel Barenboim au Staatsoper de Berlin et à la Scala de Milan, il est le directeur musical du Teatro Massimo de Palerme et bientôt du Volksoper de Vienne. Côté symphonique, il est à la tête du BBC Philharmonic depuis 2019. C’est avec cette phalange réputée qu’il nous invite avec ce nouveau CD à découvrir l’univers du compositeur Paul Ben-Haim. Né à Munich en 1897, celui qui s’appelait encore Paul Frankenburger était un brillant chef d’orchestre et compositeur bavarois avant que le ciel de l’Histoire ne soit assombri par l’horreur nazie. En 1933, il rejoint la Palestine mandataire et change son nom. Il sera une des personnalités influentes de la culture musicale d’un pays qui en 1948 devient Israël.  Considéré par certains comme le compositeur national du jeune État, la musique de Ben-Haim n’est pas très connue. Cet album propose des compositions étroitement liées aux années d’exil et à la période dramatique au cours de laquelle il a été obligé de changer de patrie et d’identité. Ce premier album d'une série consacrée à l'exploration de la musique d'Israël chez Chandos est une très belle découverte.

Les oeuvres particulièrement bien choisies (Pan, Pastorale variée et la Symphonie No. 1) couvrent plusieurs formes expressives qui attestent d’un univers personnel très riche. Le poème symphonique Pan fait appel à une voix de soprano, la Pastorale est proche d’un concerto pour clarinette et la symphonie sollicite bien évidemment toutes les forces de l’orchestre. Même si l’influence debussyste se fait clairement sentir dans les premières notes de Pan, la ligne vocale se développe amplement et permet à Claudia Barainsky de faire briller son grand soprano. Détaché sans doute des modèles de Richard Strauss ou Gustav Mahler, Paul Ben-Haim trouve dans Pastorale variée un langage personnel et étonnamment heureux (alors que l’oeuvre a été composée en 1945). Suivant l’exemple du soliste John Bradbury, joliment virtuose dans ce disque, les clarinettistes devraient s’intéresser de plus près à cette pièce qui met en valeur leur instrument. La symphonie composée en 1939-40 est plus sombre même si l’on y entend les fracas d’un Chostakovitch ou la souffrance d’un Mahler. Le premier mouvement se rapproche plus d’un post-romantisme beethovénien avec des sons éclatants et une maîtrise des différents climats. Le second mouvement qui s’inspire de la mélodie des prières juives est assez poignant avec toutefois un étrange développement hollywoodien en son centre. Dans le livret en anglais et en allemand très documenté, il n’est pas dit si Ben-Haim a écrit une musique à programme. Il est toutefois possible de ressentir les tourments et l’inquiétude dans un dernier mouvement explosif. Omer Meir Wellber a mis assurément tout son talent en oeuvre pour mieux nous faire découvrir ce compositeur. Ce Cd est une magnifique occasion de saluer ce grand chef et de le remercier au passage de défendre avec autant de conviction un répertoire de grande qualité.