Sommet à Potsdam, les éléments réunis pour le Musikfestspiele
Paris a son Versailles, Berlin son Potsdam. Ces merveilleux bâtiments historiques reprennent vie grâce à la vivacité de quelques passionnés qui organisent des festivals. Le Musikfestspiele Potsdam vaut-il le détour ? Assurément oui ! Explications…
Quelques grandes villes dans le monde se disputent le titre de capitale de la musique classique. Avec leurs maisons d’opéras prestigieuses, leurs salles de concerts réputées et leurs compagnies renommées, Paris et Berlin sont en très bonnes places et sans nul doute, en tête du classement. Une autre similitude est la proximité d’un château bien connu. Merveilles d’architecture, Versailles et Sanssouci sont également comparables jusqu’à une certaine limite car au faste de l’un répond l’intimité de l’autre. La grande Histoire de France s’est en partie écrite à Versailles quand Potsdam peut s’enorgueillir d’évoquer la figure d’un grand homme, Frédéric II de Prusse.
Le thème 2017 : les quatre éléments
Monarque éclairé à plus d’un titre, l’ami de Voltaire avait une passion pour la philosophie, la littérature et la musique. Compositeur à ses heures, il jouait de la flûte à un excellent niveau. Frédéric avait également des velléités pour l’architecture. Sanssouci a été construit selon ses plans et ses désirs. L’on ne s’étonnera pas que la salle de musique soit l’une des plus belles pièces du château. Autre lieu d’importance, la Palmensaal de l’Orangerie a accueilli en son temps des concerts du roi musicien. La tenue d’un festival de musique classique dans ces lieux même est une évidence. Quoi de plus parlant que la musique pour évoquer les époques passées et pour redécouvrir les merveilleux sites historiques.
Le Musikfestspiele Potsdam Sanssouci existe dans sa forme actuelle depuis 1991. Sous l’impulsion d’une femme formidable, Andrea Palent la directrice, le programme de chaque édition tourne autour d’un thème. 2016 a été l’année de la France, 2017 celle des quatre éléments et 2018 abordera un thème d’importance : Europa. L’on entrevoit déjà quelques concerts autour des nations ou du mythe d’Ovide. Les possibilités sont grandes et c’est avec intérêt que l’on découvre l’intelligence d’une programmation réfléchie et très aboutie. Il existe un lien naturel entre musique et l’histoire du lieu ou des illustres personnages qui l’ont fréquenté (Voltaire et la France par exemple). Cette saison 2017, le thème de l’eau a été illustré par une représentation d’Il Diluvio Universale de Falvetti dirigée comme il se doit par le grand spécialiste Leonardo García Alarcón.
On ne s’étonnera pas non plus de trouver les œuvres de Rebel, Vivaldi ou les Fireworks de Haendel à l’affiche. Le raffinement se trouve également dans le détail. Les quatre différentes couvertures de brochure de la saison 2017 sont illustrées par des images de quatre bas-reliefs de la fontaine centrale, salamandre, ange ailé, lion et triton.
Circonspection devant Los Elementos...
Le 20 juin 2017, nous avons eu l’occasion de découvrir fort à propos Los Elementos, opéra baroque d’Antonio de Literes. Composée autour de 1718, l’œuvre est surtout connue pour être le premier opéra espagnol. De Literes est considéré comme le père fondateur de la Zarzuela mais il faut avouer qu’ici l’on a du mal à trouver une originalité à sa musique, sans doute sous influence italienne et française. Avec quelques jolies voix et des danseurs aguerris, les membres de la troupe Le Tendre Amour sont tous investis dans ce spectacle clé en main conçu pour voyager.
Grâce à des numéros de danse, de nombreux effets comiques et quelques jolis airs, les spectateurs sont séduits et passent visiblement une très bonne soirée. Le critique quant à lui lève un sourcil circonspect devant le bric-à-brac de la mise en scène et le pittoresque assumé des costumes pas loin du cliché. Il reste sur sa faim et se dit qu’il aurait dû choisir une autre date pour rendre compte au mieux du subtil festival qui vaut assurément un nouveau déplacement !