Classique c'est cool

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Quels compositeurs va-t-on fêter en 2020 ?

Inutile de remiser les bouteilles de champagne car la fête est loin d’être finie. Le mélomane sait bien que toutes les occasions sont bonnes pour célébrer en fanfare et en musique les anniversaires des grands compositeurs disparus. Mais qui sera de la partie en 2020 ? Un indice… son nom commence par un B !

Avant d’aborder 2020, revenons sur 2019, une année particulièrement féconde en célébrations. Hector Berlioz et Jacques Offenbach ont été fêtés comme il se doit mais du côté des compositrices comme Barbara Strozzi et Clara Wieck-Schumann, il faut reconnaître qu’il ne s’est pas passé grand-chose. On ne prête qu’aux riches ! Somme toute, quelques beaux concerts sont venus égayer la programmation musicale. Sans doute plus que de coutume, de nombreux artistes se sont penchés sur les œuvres des compositeurs nés ou morts 100, 150, 200, 250 ou 350 ans plus tôt. Chaque année, les musicologues, les maisons de disque, les organisateurs de concert et les institutions musicales saisissent l’occasion des anniversaires de naissance ou de mort pour mettre en avant d’illustres disparus ou d’autres noms moins connus. 2020 s’annonce sans surprise comme l’année d’un seul compositeur qui va tirer toute la couverture à lui. Vous le savez sans doute déjà, 2020 est la très grande année Beethoven.

Beethoven et c’est tout ?

Il faut maintenant chercher parmi les autres grands noms de 2020 pour savoir qui peut espérer attirer un peu l’attention à lui. Impossible à dire même si Antonin Reicha ou Antonio Caldara font office d’outsiders. Le premier profitera peut-être de la lumière jetée sur Beethoven pour sortir un peu plus de l’ombre. Quant à Caldara, les exégèses du baroque toujours à l’affut profiteront certainement de l’anniversaire pour exhumer des partitions.

Revenons à la question cruciale, majeure, incontournable qui anime toujours les repas de réveillon du monde entier et d’ailleurs, de toute évidence. Quelle est la tendance 2020 en matière de compositeurs ? CCC a dressé la liste non exhaustive des prétendants pour être à la pointe de la branchitude en matière de musique classique. (Et pour vous distinguer encore plus, rien ne vous empêche de citer Giovanni Battista Bononcini, Bruno Maderna, Saverio Mercadante, Ravi Shankar, Josef Strauss, Giuseppe Tartini ou Robert de Visée).

1 - Ludwig van Beethoven (1770-1827) – né il y a 250 ans

Pom pom pom pom ! Voici le grand, l’unique, l’illustre Beethoven, maître incontesté de la symphonie, du quatuor et de la sonate qui ne compte qu’un seul opéra parmi ses multiples chefs-d’œuvre ! Impossible de lui échapper en 2020 car le génial compositeur fête son 250ème anniversaire. Figure du premier romantisme, l’homme a souvent été décrit comme un sanguin. Sa surdité est légendaire mais il fut également un humaniste épris de liberté ce qui n’a pas échappé à l’Europe qui a choisi sa musique comme hymne. « Freude, schöner Götterfunken »

2 - Franz Lehár (1870-1948) - né il y a 150 ans

Franz Lehár est le compositeur numéro un des opérettes viennoises grâce tout particulièrement à deux chefs-d’œuvre, Das Land des Lächelns (Le pays du sourire) et surtout Die lustige Witwe. Le succès de La Veuve joyeuse (l’opérette la plus jouée au monde avec Fledermaus de Strauss) a sans doute éclipsé les autres œuvres du compositeur autrichien dont le catalogue compte tout de même 260 numéros d’opus. Pour les découvrir, les mélomanes feront le déplacement à Vienne (au Volksoper), Leipzig, Budapest ou encore Bad Ischl, au Festival Lehár.

3 - Max Bruch (1838-1920) - mort il y a 100 ans

Tout violoniste virtuose affiche un jour ou l’autre l’un des fameux et superbes concertos de Bruch à son répertoire. Quant aux violoncellistes, ils ont Kol Nidrei mais c’est un peu vite oublier que le compositeur allemand a écrit bien d’autres pièces dont trois symphonies et autant d’opéras. Sa production lyrique comprend également un bon nombre de chœurs et de mélodies à découvrir. Conservant la même esthétique tout au long de sa longue carrière (il est mort à 82 ans), Bruch a sans doute le défaut de ne pas avoir trouvé sa place entre Brahms qu’il admirait et Wagner.

 

4 - Antonio Caldara (1670-1736) - né il y a 350 ans

La redécouverte des compositeurs baroques est une source quasi intarissable pour les mélomanes qui butinent d’œuvres en œuvres. Après l’explosion Vivaldi, la vague Lully puis la tendance Cavalli, Antonio Caldara sera-t-il à la mode en 2020 ? Elève de Legrenzi, contemporain de Haendel et Bach il est l’archétype du musicien européen du XVIIIe siècle ayant composé à Venise, Mantoue, Barcelone, Rome, Bologne et Vienne ! On lui doit 78 opéras, 38 oratorios, 20 messes et un nombre incalculable d’œuvres instrumentales. Assurément pas mal de choix !

 

5 - Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) - mort il y a 50 ans

2018 n’a pas été une année propice à la redécouverte de ce compositeur majeur. Au carrefour de nombreuses influences stylistiques, Zimmermann est inclassable et pourtant réellement génial. Sa musique d’une force implacable cloue littéralement les spectateurs médusés par cette violence expressionniste. Il use de toutes les techniques pour exprimer les tourments de l’existence qui le mèneront au suicide. Pénétrer dans l’univers de Zimmermann demande certes de bonnes dispositions mais c’est une expérience incomparable.

 

6 - Antonin Reicha (1770-1836) - né il y a 250 ans

Né à Prague, Reicha a suivi le même enseignement et a donc fréquenté Beethoven dont il est l’exact contemporain. Sans égaler le maître de la symphonie, il a eu toutefois un rôle majeur dans l’histoire de la musique classique comme professeur. Installé à Paris, il aura pour élève quelques personnalités comme Hector Berlioz, Franz Liszt, Charles Gounod ou César Franck. Reicha a connu Haydn et Salieri. Il a été naturalisé français est enterré au Père-Lachaise. On lui doit un catalogue qui compte 260 numéros d’opus à redécouvrir...

 

7 - Oscar Straus (1870-1954) - né il y a 150 ans

Dans la famille Strauss, voici Oscar qui n’a rien avoir avec les illustres compositeurs de valses et de polkas. Pour ne pas être confondu avec eux, il a même fait enlever un « s » à son nom. Elève de Max Bruch, Oscar est surtout réputé pour ses nombreuses chansons de cabaret et surtout ses opérettes comme Ein Walzertraum ou Drei Walzer (Les trois valses immortalisées au cinéma par Yvonne Printemps). A Vienne, il fut l’un des plus sérieux concurrents de Franz Lehár avant que l’Anschluss ne le fasse fuir son pays.

 

8 - Florent Schmitt (1870-1958) - né il y a 150 ans

Les révélations sur son passé collaborationniste ont définitivement jeté l'opprobre sur Florent Schmitt, personnalité peu aimable. Pourtant, il reste l’un des compositeurs majeurs du début du XXe siècle que certains considèrent comme l’égal d’un Debussy, Ravel ou Honegger. Schmitt possède un catalogue d’œuvres puissantes d’inspiration très personnelle comme par exemple La Tragédie de Salomé. L’époque n’est sans doute pas des plus propices à la redécouverte de ce répertoire entre classicisme et modernité qu’il faut connaître.

 

9 - Jaufré Rudel (~1120-~1148) – né il y a 900 ans

Il est bien difficile de parler dans le détail de la vie de ce musicien vraisemblablement né en 1120. Surtout connu pour être le premier troubadour dont les œuvres nous soient parvenues, sa légende a été immortalisée par l’opéra de Kaija Saariaho sur un magnifique livret d’Amin Maalouf, L’amour de loin. Sans jamais l’avoir rencontrée, Jaufré tombe amoureux d’une princesse lointaine. Il décide de la rejoindre et traverse les mers et les tourments. Lorsqu’il la trouve enfin, épuisé par les épreuves, il meurt dans ses bras.

 

10 - Johannes Ockeghem (1420-1497) - né il y a 600 ans

La musique médiévale est le parent pauvre du baroque qui jouit d’un répertoire plus vaste grâce à des partitions qui n’ont pas connu la destruction. Raison de plus pour mettre en avant Ockeghem dont on ne connaît pas grand-chose hélas ! On suppose qu’il est né en Flandres mais on sait qu’il a passé toute sa vie à la cour de France où il a composé de nombreuses messes et des chansons qui nous sont parvenues (comme son Requiem, le premier connu). Représentant du style polyphonique franco-flamand, le compositeur a eu Josquin des Près comme élève.