Classique c'est cool

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A quel moment applaudir au concert classique ou à l'opéra ?

C’est arrivé à tout le monde… Dans la salle de concert ou à l’opéra, une ou plusieurs personnes applaudissent et malheureusement, ce n’est pas le bon moment. Dans le meilleur des cas, le silence alentour plonge le spectateur solitaire dans l’embarras. Dans le pire des cas, les « chuts » agressifs de ses voisins ou, encore plus gênant, le regard assassin des artistes sur scène lui donnent juste envie de se terrer dans le plus petit trou de parquet disponible. 

L’expérience peut être traumatisante car il n’y a pas d’écriteau « ne pas applaudir avant la fin du morceau » dans les salles de spectacles. Il faut reconnaître qu’il est bien difficile de savoir à quel moment faire éclater sa joie au concert classique ou à l’opéra, surtout lorsque l’on découvre une œuvre pour la première fois. 

Bien sûr, les concerts de musique classique ont quelques règles. Contrairement au concert rock, il ne convient pas d’applaudir à tout rompre, tout le temps même si comme Johnny Hallyday ou Rihanna, certaines divas sont capables de déchaîner les foules. Au concert ou à l’opéra, les ultra connaisseurs attendent parfois juste ces trente secondes sublimes de musique qui vont leur donner la chair de poule. Si jamais ce moment éphémère est gâché par un mauvais geste au mauvais moment, les mélomanes qu’ont croyait charmants peuvent en venir aux mains (ça s’est vu !). 

Applaudir ou huer : deux choses bien différentes

A l’opéra, il est habituel d’applaudir un chanteur après un air qui vous aura scotché mais il faut toujours bien faire attention que cet air soit terminé. Parfois, le chef d’orchestre préférant maintenir la tension, ne laissera pas les applaudissements s’installer. Ouvrons une parenthèse, applaudir est une chose, huer en est une autre. Pour manifester son mécontentement, il suffit de ne pas applaudir. Un artiste est parfaitement capable de comprendre que sa prestation n’a pas convaincu sans pour autant devoir souffrir l’humiliation de huées. N’oublions jamais que les chanteurs sont des êtres humains et que la représentation est le fruit de nombreuses répétitions et autant d’heures de travail. Les quelques malins qui se sentent investis du bon droit de huer sont rarement des vrais spécialistes qui, pour la plupart, respectent les artistes. Refermons la parenthèse en ayant une pensée pour ces metteurs en scène provocateurs pour qui les huées sont autant de raisons d’autosatisfaction…

Le plus délicat : les récitals solistes...

Lors d’un ballet classique, il est fréquent d’applaudir les danseurs étoiles au moment même de leur prestation sans en attendre la fin. Ce salut est l’expression de l’admiration devant un geste technique particulièrement bien exécuté ou tout simplement parce qu’on est sous le charme de tant de grâce et de beauté.

Au concert, on applaudit la prestation de l’orchestre une fois achevées les quatre parties de la symphonie ou les trois partie du concerto et ceci pour conserver l’unité voulue par le compositeur. Il faut reconnaître que le piège est bien tendu car entre chaque partie, il y a une longue plage de silence.

Le plus délicat, ce sont les récitals solistes. Le programme enchaîne souvent des œuvres courtes et quand les applaudissements crépitent toutes les trois ou quatre minutes, on imagine assez bien la lassitude du public et surtout des artistes qui ne manque pas de signaler par un geste qu’il est inutile de s’exprimer à chaque fois. Les ouvreurs distribuent parfois le programme où les œuvres sont regroupées, indiquant ainsi les plages où le public est invité à applaudir. Pour éviter tout quiproquo, une solution toute simple consiste à attendre que d’autres applaudissement retentissent avant de se lancer. 

Il faut toujours avoir à l’esprit que contenir ses applaudissement peut être un exercice de concentration qui permet de mieux ressentir la juste valeur des acclamations. Se retenir pour mieux exploser sa joie…

L'anecdote : la malédiction du Chevalier à la Rose

La scène se passe régulièrement sur toutes les scènes du monde. A la toute fin du premier acte de son opéra Rosenkavalier (Le Chevalier à la Rose) Richard Strauss a composé un final de toute beauté où les toutes dernières notes de l’œuvre sont celles d’un violon qui se meurt dans un pianissimo tout en délicatesse. L’émotion est à son comble. Mais puisque au même moment le rideau commence à baisser, inévitablement une poignée de spectateurs commence à applaudir tandis qu’une autre manifeste son mécontentement à grand renfort de « chut » causant encore plus de brouhaha. La malédiction des applaudissements au mauvais moment a encore frappé. Et si vous arrivez à entendre un jour la note finale du premier acte du Chevalier à la rose, courrez jouer au loto !