Cinq grands opéras détruits par les flammes
La charpente de Notre-Dame est un chef-d’œuvre définitivement perdu, ravagé par l’incendie. La question de la reconstruction se pose aujourd’hui comme elle s’est posée autrefois et même récemment pour des opéras détruits. CCC dresse un portrait de cinq salles sauvées des flammes…
La disparition du patrimoine est un véritable drame. La récente actualité parisienne avec Notre-Dame et l’émotion légitime qu’elle a provoquée nous rappelle d’autres incendies dévastateurs. Les mélomanes ont fréquemment été confrontés à la désolation car les maisons d’opéra ont presque toutes connu des épisodes douloureux de destruction. Covent Garden, La Scala, le Wiener Staatsoper... la liste est longue. CCC évoque cinq salles emblématiques.
Par exemple, La Fenice de Venise qui porte le nom du phœnix (traduction de l’italien) a connu les flammes plusieurs fois et reste aujourd’hui l’un des plus beaux grâce à une restauration minutieuse. Après la tristesse, place à l’espoir de voir préserver ou renaître les œuvres inestimables de notre patrimoine universel comme les opéras, les cathédrales, les temples et toutes les œuvres d’art qui élèvent les Hommes.
Bruxelles, La Monnaie-De Munt
Lors d’une représentation de La Muette de Portici d’Auber après le fameux air « Amour sacré de la patrie », les spectateurs rejoignent les opposants au gouvernement du Royaume-Uni des Pays-Bas. Cet événement marque le début de la lutte pour l’indépendance de la Belgique de 1830. Contrairement à une idée répandue ailleurs, l’incendie qui ravage le Théâtre est postérieur à la révolution belge puisqu’il date de 1855. La salle conserve son fronton, les murs et le péristyle de Damesme et sera reconstruite par Joseph Poelaert.
Paris, Salle Favart
En 1887 pendant une représentation de Mignon d’Ambroise Thomas, un éclairage au gaz défectueux est la cause d’un grand incendie qui ravage l'Opéra-Comique et fait plus d’une centaine de morts. Le danger était pourtant connu comme la vétusté et l’exiguïté du lieu déjà sujets à polémique. À la suite d’un concours lancé par l’Etat en 1893, la salle sera reconstruite par l’architecte Louis Bernier et inaugurée en 1898. Ce nouveau théâtre, véritable monument à la gloire du genre de l’opéra-comique vient d’être rénové récemment avec une attention toute particulière à la mise aux normes de sécurité !
Genève, Grand Théâtre
Inauguré en 1879 avec Guillaume Tell de Rossini, le Grand Théâtre de Genève s’enflamme lors d’une répétition de Die Walküre de Wagner en 1951. Des essais pyrotechniques ont embrasé la cage de scène, la salle et les coulisses mais les flammes ont épargné le fumoir et les foyers (sic). Il faudra attendre plusieurs années pour que les Genevois retrouvent leur salle modernisée. D’autres travaux seront menés pour rénover la machinerie en 1997 et 2006. Le Théâtre ferme de nouveau en 2016 et vient d’être rendu au public après trois ans de rénovation des espaces d'accueil qui ont retrouvé le lustre d’antan.
Barcelone, Gran Teatre del Liceu
Le célèbre opéra a été inauguré sur la Rambla en 1847 mais le 31 janvier 1994, c’est le drame qui bouleverse les catalans et l’Espagne tout entière. On se souvient des larmes de Montserrat Caballé se rendant sur les lieux. Le feu provoqué par des travaux de soudure a détruit la salle, la scène et les coulisses du Liceu. Tout a été mis en œuvre rapidement pour surmonter la catastrophe. L’institution, désormais publique, décide de reconstruire à l’identique tout en rénovant profondément la scène avec les dernières avancées techniques. Seules touches modernes de l’opéra qui rouvre le 7 octobre 1999, les peintures du plafond ont été confiées à l’artiste Perejaume.
Venise, Teatro La Fenice
Le 29 janvier 1996, la triste histoire se répète. Alors qu’une rénovation est lancée pour installer un nouveau système anti-incendie, La Fenice de Venise, la plus belle salle d’opéra d’Italie est entièrement détruite dans un geste criminel. Parce qu’ils ne voulaient pas avoir à payer des pénalités de retard, deux électriciens ont mis le feu volontairement. Ils ont été condamnés à six et sept ans de prison. Le Théâtre Phoenix (La Fenice) était déjà parti en fumée en 1836 puis avait été reconstruit en à peine un an. Après une collecte de fonds spontanée, un imbroglio administratif et quelques débats, la troisième Fenice renaît enfin en 2003, presque à l'identique.