Shakespeare inspire un exaltant récital anglo-franco-germano-suédo-phone !
Le Brexit ne change rien au rayonnement de Shakespeare qui déborde aussi sur le monde de la musique, la preuve avec ce nouveau CD d’Isabelle Druet consacré au Songs du grand Will.
Le plus grand dramaturge anglais de tous les temps est mort le 23 avril 1616 en laissant une postérité fabuleuse. William Shakespeare est le papa de Roméo et Juliette, d’Ophélie, d’Otello, Falstaff, Lear, Oberon, de Béatrice et Bénédict et de tant d’autres... Tous ces héros sont particulièrement bien connus des mélomanes grâce à Purcell, Verdi, Berlioz ou Gounod mais l’influence du grand William ne s’est pas arrêtée au domaine de l’opéra. De nombreux poètes romantiques se sont inspirés des personnages pour écrire de belles lignes qui ont réveillé l’intérêt des compositeurs de mélodies.
25 songs inspirées de Shakespeare
400 ans après la disparition du grand homme, deux belles artistes françaises, la mezzo Isabelle Druet et la pianiste Anne Le Bozec ont eu la bonne idée de regrouper vingt-cinq Songs dans un album paru le 6 décembre 2016. Des chanteurs comme Alfred Deller ou tout récemment Ian Bostridge ont certes déjà entièrement consacré des disques à Shakespeare. A notre connaissance, peu de chanteurs français (voire aucun) ne se sont aventurés sur les terres de Stratford-upon-Avon, pour un album entier qui a le grand mérite d’ouvrir un éventail multicolore. Les compositeurs choisis sont italiens, français, allemands, autrichiens, finlandais et anglais et les langues chantées sont l’anglais, le français, l’allemand et le suédois. Ce n’est pas pour autant l’Eurovision car Isabelle Druet défend chaque compositeur avec un égal engagement, en choisissant toujours la bonne couleur. On peut tomber sous le charme des Korngold et rester plus indifférent aux Songs de Mario Castenuovo-Tedesco mais l’enchaînement intelligent des morceaux maintient toujours l’attention. Les raretés se fondent aux tubes (mort d’Ophélie de Berlioz, An Silvia de Schubert) avec parfois des ruptures de ton impressionnantes comme entre la légèreté de la Chanson de Fauré et la noirceur de la mélodie de Sibelius « Kom nu hit, död » (le texte d’après The Twelfth Night a d’ailleurs inspiré trois autres morceaux présentés ici).
A la diction remarquable d’Isabelle Druet répond la précision du piano d’Anne Le Bozec. Plus qu’une accompagnatrice, l’instrumentiste dialogue et s’octroie parfois le premier rôle. Qu’on écoute avec quelle subtilité elle illustre la mort d’Ophélie de Berlioz ! Les fantômes de Shakespeare semblent planer, tout comme ce petit bonus charmant à découvrir…