Ah ! Que j'aime les militaires, avec Isabelle Druet
A Paris, on peut apprécier la musique partout et à tout heure, comme ce dimanche après-midi aux Invalides, en compagnie de militaires et surtout d’Isabelle Druet. La mezzo soulève les troupes. Et de quelle façon ? Réponse…
L'hôtel national des Invalides propose déjà sa 24ème saison musicale. Les mélomanes parisiens avertis connaissent sans nul doute la programmation généreuse des concerts aux Invalides, grâce aux noms des grands solistes souvent à l’affiche.
Dans le cadre du cycle « Confidences et complaintes de soldats », la mezzo Isabelle Druet et le violoncelliste Jérôme Pernoo se sont illustrés lors du concert du 10 décembre 2017, sous la grande nef de la cathédrale Saint-Louis. On a pu y apprécier les œuvres de Bizet et d’Offenbach dirigées avec subtilité par François Boulanger à la tête d’un Orchestre de la Garde Républicaine, digne de compliments. Le statut institutionnel de la formation lui réserve une place sensiblement différente dans le circuit des orchestres français mais qui n’est pourtant pas anecdotique. En dehors des représentations au caractère officiel, les musiciens issus de l’élite des conservatoires français offrent constamment le meilleur comme ici, dans des extraits de Carmen parfaitement exécutés. Jérôme Pernoo a fait sien le concerto pour violoncelle d’Offenbach puisqu’il a participé à sa recréation en 2004, avec Marc Minkowski.
Offenbach aime les militaires, Isabelle Druet aussi ?
L’œuvre, composée par un jeune homme de 24 ans exige beaucoup du soliste, très exposé dans la première partie allegro maestoso. L’andante retrouve toute sa justesse. L’interprète s’y délecte de belles phrases mélancoliques. Le dernier mouvement allegretto possède un caractère plus saccadé qui donne son titre de « militaire » au concerto avec une cadence écrite par Jérôme Pernoo en personne.
La suite de cet agréable concert a été largement dominée par la performance de la mezzo Isabelle Druet qui a effectué un véritable hold-up. Dans les extraits d’Offenbach ou de la Carmen de Bizet, elle s’est montrée canaille tout en affichant une très grande classe. En interprétant « Je suis veuve d’un colonel » ou « Ah ! que j’aime les militaires » devant un parterre concerné (avec la présence dans le public de quelques gradés de l’Armée), elle a emporté une adhésion immédiate. Il faut dire que son jeu d’actrice très naturel est un vrai régal. Plus remarquable encore, la diction de cette jeune artiste est en tout point exemplaire. L’on ne perd pas un mot dans les tirades en mitraillette d’Offenbach. Le seul regret serait la brièveté de ce concert d’après-midi où le temps est passé beaucoup trop vite…
Espérons que ces extraits bien choisis soient comme un prélude à ce que l’on pourrait retrouver sur scène, la relève de Felicity Lott dans ce répertoire étant assurée.