Un nouveau grand nom chez Louis Vuitton
Dans le tout nouveau cadre de l’auditorium de la Fondation Louis Vuitton, le jeune pianiste Alexandre Kantorow a offert, lundi 11 avril 2016, un récital de piano ébouriffant. Compte-rendu…
En matière d’architecture, Paris a perdu cette réputation de précurseur depuis pas mal d’années. Il n’empêche que la ville peut tout de même s’enorgueillir de quelques réussites, surtout en matière de musique. La Philharmonie et l’Auditorium de Radio-France se sont imposés comme d’incontestables salles de concert. La musique de chambre n’est toutefois pas en reste avec l’Auditorium de la fondation Louis Vuitton. La communication, à juste titre, ayant essentiellement porté sur les expositions, peu de parisiens encore savent qu’une passionnante saison se déroule dans le désormais célèbre bâtiment de Frank Gehry.
Le récital d’Alexandre Kantorow du 11 avril 2016 a été l’occasion de découvrir cette salle agréable avec une vue dégagée sur la fontaine en escalier. Grâce aux grandes baies ouvertes sur l’extérieur, la scène semble flotter sur l’eau.
L’essentiel du concert repose bien évidemment sur le jeune pianiste prodige et non sur l’esthétique de la salle. En choisissant un programme 100% russe, Alexandre Kantorow n’a pas cherché la facilité d’une carte de visite passe-partout. Proposé en ouverture, le Scherzo à la russe de Tchaikovsky est indubitablement maîtrisé et saisit d’emblée le spectateur. Suit une interprétation de la première sonate de Rachmaninov très inspirée où l’on pourrait peut-être attendre un peu plus de sensualité dans le mouvement andante mais où l’on reste ébahi par la profondeur de l’interprète.
L’oiseau de feu de Stravinsky (Danse infernale, Berceuse et final dans la transcription d’Agosti) constituait le deuxième gros morceau du récital. Avec une attaque franche, le pianiste a fait forte impression en usant d’un sens de la rythmique ébouriffant. Les dernières pièces au programme ont laissé deviner un bel art de la nuance (Méditation et Passé lointain de Tchaikovsky) et avec Islamey de Balakirev, Alexandre Kantorow a fini avec une touche de virtuosité mettant en avant des moyens impressionnants.
A 18 ans, la maîtrise est déjà là même si l’on sait que le pianiste peut encore évoluer pour aller encore plus loin. On a hâte de l’entendre à nouveau au fil des années car ce récital réussi est un remarquable premier pas dans la cour des plus grands.
Deux bis généreux, danse des petits cygnes de Tchaikovsky et marche turque de Mozart revisités avec beaucoup d’humour, achèvent de faire fondre un public acquis et déjà fan.