Le Boléro de Ravel est le tube du classique qui fait dresser l’oreille de tous ceux, mélomanes ou non, qui n’en entendent que quelques notes. La Philharmonie de Paris lui dédie une exposition mais le chef-d’œuvre si connu a-t-il encore des choses à cacher ? Réponse...

En 2025, Maurice Ravel aurait eu 150 ans. Pour célébrer cet anniversaire, la Philharmonie de Paris lui consacre une exposition qui se tiendra du 3 décembre 2024 au 15 juin 2025, dans les espaces de la Cité de la Musique, avec un accent mis sur l’œuvre qu’il qualifiait lui-même de “chef-d'œuvre mais vide de musique”. Reprise dans le monde entier sous toutes ses formes : chorégraphies, publicités, cinéma etc., elle est la plus connue du grand public. Il s’agit, bien sûr, du célèbre Boléro ! Mais comment apporter un regard neuf sur un chef-d’œuvre qui a été maintes fois ausculté ? Pierre Korzilius, commissaire de l’exposition « Ravel Boléro », nous propose une plongée dans un univers de musique où la danse est omniprésente.

Le Boléro, habillage immersif de l’exposition dansée

Le choix du Boléro est forcément stratégique pour évoquer Ravel mais vient avec une problématique, comment se renouveler pour intéresser tous les publics, mélomanes compris ? Pour s’imprégner de l’œuvre, l’exposition invite, ingénieusement mais sans révolutionner la présentation, à découvrir de façon immersive la captation des 16 minutes du Boléro, interprétées par l’Orchestre de Paris dirigé par Klaus Mäkelä. La danse s’invite avec évidence dès la première salle puis ne quittera plus le visiteur. La célèbre Ida Rubinstein, grande danseuse ukrainienne et icône de la Belle Époque, passe commande à Maurice Ravel d’un ballet espagnol. Composé dans l’urgence, le Boléro sera présenté pour la première fois le 22 novembre 1928. Avec l’œuvre en fil rouge, les phases de la vie du compositeur sont dépeintes dans les différentes salles où l’on découvre son lien puissant avec la Côte Basque et l’Espagne, sa passion pour les jouets d’enfant qui a fait naître L’Enfant et les Sortilèges et Ma Mère l’Oye ou encore ses correspondances personnelles. Grâce aux prêts de différents musées comme La Maison de Ravel à Montfort-l’Amaury, la Bibliothèque nationale de France, le Musée d’Orsay ou encore le Centre Pompidou, l’exposition est enrichie de pièces exceptionnelles (lettres, objets, tableaux...) qui ajoutent du prestige à l’expérience. Les vidéos sont aussi d’une grande importance dans le parcours. Des extraits de danse habillent les parois qui séparent les pièces. Elles attirent le regard comme la fascinante Sylvie Guillem qui interprète le Boléro dans la chorégraphie de Maurice Béjart. L’on est forcément happé, de même avec les images de Nicolas Le Riche, Elisabet Ros et bien d’autres. Boléro Ravel est une exposition concise qui permet de s’immiscer dans la vie de Ravel sous le prisme de la composition du chef-d’œuvre absolu de la musique classique. Le grand public curieux (en famille ou seul), de préférence accompagné d’un conférencier, sera séduit. Les mélomanes qui y trouveront quelques nouvelles informations seront conquis comme les balletomanes qui sont particulièrement gâtés !