Classique c'est cool

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Cole Porter s’affiche au Théâtre du Châtelet de Paree !

Cette fin d’année 2021, les salles parisiennes se sont donné le mot pour afficher des spectacles plutôt festifs et inspirés. Le Théâtre du Châtelet mise sur Cole Porter pour mettre le feu. Alors, pétard mouillé ou feu d’artifice ? Réponse...

Cole Porter in Paris - Théâtre du Châtelet (c) Hélène Pambrun

Depuis quelques saisons maintenant, l’éclectisme se porte en étendard au Théâtre du Châtelet avec des spectacles de tous horizons ce qui ne l’empêche pas de suivre certains fils rouges. La comédie musicale, par exemple, y est formidablement défendue avec des productions qui ont marqué les esprits et qui ont su trouver leur public. La disparition récente du compositeur Stephen Sondheim a eu une résonnance toute particulière dans cette salle qui l’a si souvent accueilli. Fi du deuil ! et comme Paris est une fête, le théâtre du Châtelet se doit de réjouir tous les publics en cette fin d’année 2021. Le samedi 11 décembre a eu lieu la première de Cole Porter in Paris, spectacle qui se jouera jusqu’au 1er janvier 2022. En ressuscitant la figure du compositeur de tubes interplanétaires, la troupe des Frivolités Parisiennes utilise ses chansons comme un canevas pour évoquer sa vie dans le Paris des années folles.

Cole Porter sort joyeusement du placard

Cole Porter in Paris - Théâtre du Châtelet (c) Hélène Pambrun

Concepteur principal du spectacle, le metteur en scène, auteur et musicographe Christophe Mirambeau a respecté tous les codes de la comédie musicale avec alternance de parties chantées, parlées et dansées. Son choix s’est judicieusement porté sur des chansons qui racontent Cole Porter et plus particulièrement sa période parisienne où il vécut de 1918 à 1928. Pour les besoins de la narration, Mirambeau a même attribué certaines Songs à un autre type de voix que l’originale (You’re the Top est interprétée par un duo masculin). L’évocation festive se fait au travers de différents tableaux colorés qui nous emmènent de la Tour Eiffel jusqu’à la Ca' Rezzonico de Venise dans un décor efficace bien que minimaliste. Ce « pas tout à fait » biopic préfère illustrer par l’image et en chanson des épisodes d’une vie assez folle et excentrique. Il va même plus loin que l’insupportable De-Lovely (film biographique américain mielleux sorti en 2004) en abordant joyeusement la bisexualité du compositeur dans ce Gay Paree qu’il a tant aimé. Ce petit twist scénaristique offre une profondeur bienvenue à certains personnages embarqués dans le tourbillon de cette véritable comédie musicale.

Le sérieux des Frivolités Parisiennes

Cole Porter in Paris - Théâtre du Châtelet (c) Thomas Amouroux

Sur scène, ce n’est pas un mais trois Cole Porter qui jouent, chantent et dansent (dans une chorégraphie soignée de Caroline Roëlands) le rôle du compositeur. Yoni Amar, Richard Delestre et Matthieu Michard (également pianiste et arrangeur) endossent plusieurs personnages tout comme Léovanie Raud, Marion Tassou et Charlène Duval, figures de proue d’une troupe homogène composée d’autres artistes danseurs-chanteurs et d’un orchestre jazz impeccables. Sans toujours en jeter plein les yeux comme à Broadway, les Frivolités Parisiennes n’ont pas à rougir du travail accompli même si l’accent anglais approximatif d’une ou deux voix peut parfois gêner les amateurs les plus rôdés. Ils seront tout de même ravis d’entendre quelques tubes comme I Love Paris, I’m in Love Again, You’re the Top, Give Him the Oooh La La (et même The Man I Love de George Gershwin) et de découvrir des titres beaucoup plus rares interprétés par des artistes impliqués et convaincants. Après une mise en place assez calme, les numéros s’enchaînent avec une énergie qui ne souffre d’aucun temps mort. Les tableaux de Venise ou des hommes des cavernes sont suffisamment réussis pour laisser le souvenir d’un spectacle sympathique et pétillant qui s’appréciera comme des bulles de champagne un soir de Réveillon, dans la gaité et la légèreté.

Cole Porter in Paris - Théâtre du Châtelet (c) Hélène Pambrun