Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Rossini
Si l’on veut reconnaître un avantage à ces longues heures de confinement, c’est bien le plaisir retrouvé de la lecture. En attendant de repartir sur le champ du spectacle vivant, voici un ouvrage qui nous prépare pour apprécier plus encore l’art de Rossini. Compte-rendu de lecture…
Essentielle et incontournable, la collection des « mode d’emploi » s’enrichit d’un nouveau numéro attendu. Après les ouvrages consacrés à Verdi (2012, réédité en 2018) et Puccini (2017) voici le Rossini que Chantal Cazaux nous devait pour compléter la trilogie des compositeurs italiens les plus populaires. Ces livres érudits et ludiques s’adressent autant aux néophytes qu’aux grands mélomanes. Tandis que les premiers auront la plus complète et parfaite des approches, les seconds seront ravis, avec un nouvel éclairage, de replonger dans un univers familier qui mérite souvent quelques mises à jour. Dans son introduction, l’auteure pose les paradoxes d’un Rossini sans doute trop connu pour son délirant Barbier alors qu’il a composé plus d’œuvres sérieuses (opera buffa vs opera seria). Elle le décrit par cette phrase : « Voici notre Dino Risi de l’opéra passé du côté du péplum ou de la fresque à la David Lean ». Dans un article fondamental sur la Rossini Renaissance, elle nous rappelle que même les grands succès du Cygne de Pesaro sont tombés dans l’oubli. C’est grâce à la recherche musicologique et aux artistes d’un nouveau genre (Maria Callas en tête) que l’on peut goûter aujourd’hui à sa musique avec gourmandise.
Figaro, Guillaume, Cenerentola et les autres
Rossini mode d’emploi est découpé en cinq chapitres. Les deux premiers intitulés « Points de repères » et « Etudes » permettent de retracer la vie du compositeur et de replacer cette forte personnalité dans son contexte historique et musical. L’on découvrira pourquoi il est présenté comme antithèse du poète maudit ou pourquoi à 37 ans, au faîte de sa gloire, il a décidé de ne plus composer d’opéras ! Son catalogue compte quarante ouvrages scéniques (incluant la partition perdue de Ugo, re d’Italia). Un choix pertinent de dix-huit titres est ensuite présenté permettant un développement plus détaillé dans le chapitre « Regards sur les opéras ». De Tancredi à Guillaume Tell, il sera ensuite facile d’approfondir avec l’un des nombreux numéros de l’Avant-Scène Opéra mais en attendant, il est possible d’écouter des extraits des œuvres en flashant la page concernée. Ne gâchons pas le plaisir en donnant tous les noms des artistes mais ces morceaux réservent, comme on s’en doute, de très bonnes surprises.
Mille et une façons de dévorer Rossini
Le chapitre « Ecouter et voir » passionnera les mélomanes avec trois parties consacrées au chant, à la direction et à la mise en scène (et une sélection de dix productions marquantes). Outre la technique vocale disséquée, une liste non exhaustive mais très parlante des grands interprètes rossiniens est un complément précieux pour mesurer la chance que nous avons aujourd’hui d’apprécier sur scène des voix adéquates comme celle de Daniela Barcellona, Cecilia Bartoli, Lawrence Brownlee, Karine Deshayes, Joyce DiDonato, Juan Diego Flórez, Annick Massis ou Michael Spyres. On apprend d’ailleurs que c’est Conchita Supervia qui a ouvert la voie à tous ces merveilleux artistes. Le dernier chapitre offre les « Repères pratiques » notamment dans une discographie et une vidéographie non moins essentielles que celles de Puccini ou de Verdi. Avec ses très nombreuses photos, le Gioachino Rossini mode d’emploi de Chantal Cazaux, bien gourmand mais qui se dévore aussi facilement qu’un tournedos, est un indispensable !
Gioachino Rossini mode d’emploi de Chantal Cazaux
Parution le 14 octobre 2020 aux éditions Premières Loges