Le nouveau Comique est de retour !
C’est bientôt le grand jour. Après de longs mois d’attente, les mélomanes parisiens et toute la planète lyrique vont enfin retrouver une salle qui leur est indispensable, l’Opéra Comique. En effet, après une fermeture pour rénovation de presque deux ans, la salle Favart rouvre ses portes le 26 avril 2017.
Il y a de cela quelques saisons, la redistribution des cartes a permis au nouveau directeur Jérôme Deschamps et à son bras droit de l’époque Olivier Mantei de sortir la Salle Favart du music-hall où semblait l’avoir fait échouer l’équipe précédente. Depuis 2007, un grand retour aux fondamentaux s’est opéré avec la mise en avant du genre maison, l’opéra-comique mais aussi du répertoire baroque et de la création contemporaine. Les dimensions de la salle (les mêmes depuis 1783) sont idéales pour accueillir ces musiques.
Les bons souvenirs sont nombreux à l’Opéra Comique
Sous le regard bienveillant des angelots au-dessus de la scène, les productions et les succès se sont enchaînés. De nombreux titres dont on avait entendu parlé mais jamais vu ont été enfin programmés : Fortunio de Messager, Le roi malgré lui de Chabrier, Cendrillon de Massenet, Ciboulette de Reynaldo Hahn, Le Pré aux Clercs d’Hérold ou La Muette de Portici d’Auber... Le répertoire baroque va non seulement trouver des metteurs en scène de génie comme Benjamin Lazar ou Robert Carsen mais aussi retrouver une acoustique quasi parfaite. On se souvient de Cadmus et Hermione de Lully, David et Jonathas de Charpentier, L’Egisto de Cavalli ou Les fêtes vénitiennes de Campra.
Plus proche de nous, c’est à Comique que l’on a pu découvrir le dernier chef-d’œuvre du siècle, Written on skin de Georges Benjamin ou le dernier opus de Philippe Boesmans, Au Monde. Il convient d’ouvrir une agréable parenthèse pour parler des chanteurs car c’est ici également que l’on a pu succomber aux charmes de la Lakmé de Sabine Devieilhe (comme elle l'évoque dans son interview), de Julie Fuchs en Ciboulette, Sonya Yoncheva en Leila pour ne parler que de quelques merveilleuses sopranos. La liste des jeunes artistes qui sont passés par la case Comique est longue (côté garçons : Marc Mauillon, Sébastien Guèze, Frédéric Antoun, Julien Behr, Bernard Richter, Allan Clayton, Jean-Sébastien Bou…). L’on n’oublie pas l’inoubliable, un Atys de Lully ou encore Dido and Aeneas de Purcell, sublimes de perfection…En quelques saisons, l’Opéra Comique s’est imposé comme le complément indispensable des grosses machines nationales parisiennes, en soufflant un vent de fraîcheur et de liberté.
Tout est neuf mais tout continue…
Mais hélas, un bâtiment trop vieux et plus tout à fait aux normes devant être remis à flots, les spectateurs sont restés désemparés. Pour récompenser leur attente, la réouverture s’accompagne de très bonnes nouvelles. On nous annonce plus de confort (plus d’ascenseurs, plus de toilettes et une aération adéquate) et la remise en lumière comme à l’origine, la résurrection de la Fée électricité… Côté programmation, c’est aussi la joie de la redécouverte de l’opéra baroque Alcione de Marin Marais par le grand Jordi Savall dans la fosse (avec la jeune et si prometteuse Lea Desande) qui se mêle à l’enthousiasme de la pure découverte (un inconnu Timbre d’argent de Camille Saint-Saëns dirigé par François-Xavier Roth). Pur bonheur, des stars familières de la maison sont de la partie comme Julie Fuchs et Jean-Sébastien Bou (dans Le Comte Ory de Rossini), Marc Mauillon, ou Katie Mitchell qui vient avec un beau projet Purcell.
Olivier Mantei (le nouveau directeur) nous rend nos chaussons de luxe que l’on continue à regarder, toujours admiratif.