Quels compositeurs va-t-on fêter en 2019 ?
Inutile de remiser les bouteilles de champagne car la fête est loin d’être finie. Le mélomane sait bien que toutes les occasions sont bonnes pour célébrer en fanfare et en musique les anniversaires des grands compositeurs disparus. Mais qui sera de la partie en 2019 ? Réponse…
Avant d’aborder 2019 et en attendant 2020 qui sera une très grande année Beethoven, revenons sur 2018, une année particulièrement féconde en célébrations. Le choix était vaste entre Gounod, Debussy, Rossini et tous les autres. Même si finalement il n’y a pas eu de révolution, quelques beaux concerts sont venus égayer la programmation musicale. Sans doute plus que de coutume, de nombreux artistes se sont penchés sur les œuvres des compositeurs nés ou morts 100, 150, 200, 250 ou 350 ans plus tôt.
Chaque année, les musicologues, les maisons de disque, les organisateurs de concert et les institutions musicales saisissent l’occasion des anniversaires de naissance ou de mort pour mettre en avant d’illustres disparus ou d’autres noms moins connus. 2019 s’annonce plus légère que 2018 avec tout de même une figure majeure de la musique classique : Hector Berlioz. En observant les programmes, il apparaît que le compositeur français est celui qui prend déjà plus la lumière surtout avec Les Troyens annoncés à l’Opéra national de Paris. L’œuvre phare avait fait l’ouverture de l’Opéra Bastille, il y a 30 ans… Encore un anniversaire à fêter !
Même en musique classique, 2019 c’est Girl Power !
Parmi les autres grands noms de 2019, Offenbach fait sans doute office d’outsider. Grâce à un travail approfondi sur ses partitions, une jolie renaissance a pu se faire et ses opérettes revenir à l’affiche de nombreux théâtres dans le monde. L’Histoire fait parfois de jolis pieds de nez à l’actualité. L’affaire Weinstein qui a particulièrement marqué 2018 trouve un contrepoint intéressant avec la musique de Barbara Strozzi et Clara Schumann. Les deux femmes compositrices font figure d’exception dans un univers surtout masculin. Une raison de plus pour les mettre en avant.
Revenons à la question cruciale, majeure, incontournable qui anime toujours les repas de réveillon du monde entier et d’ailleurs, de toute évidence. Quelle est la tendance 2019 en matière de compositeurs ? De qui faut-il faut absolument parler pour briller lors des dîners en ville. CCC a dressé la liste non exhaustive des prétendants pour être à la pointe de la branchitude, en matière de musique classique. (Et pour se distinguer encore plus, rien ne vous empêche de citer Tobias Hume, Franz von Suppé, Stanislaw Moniuszko, Louis Théodore Gouvy, Alexandre Dargomyjsky, Galina Ustvolskaya ou Mieczysław Weinberg).
1 - Hector Berlioz (mort il y a 150 ans)
Roulements de tambour et sonneries de trompette, voici le plus grand compositeur romantique français. Berlioz est un monument en soi qui aurait toute sa place au Panthéon plutôt que sur un billet de banque. Avec une certaine emphase parfois, ses compositions l’emportent grâce à cette fougue inimitable et un style reconnaissable entre tous. Les chefs-d’œuvre se comptent par dizaine principalement à l’opéra, dans la musique symphonique, religieuse et chorale. Berlioz, c’est le numéro un !
2 - Jacques Offenbach (né il y a 200 ans)
La Belle Hélène, La Vie parisienne, Orphée aux Enfers et tant d’autres titres qui évoquent le can-can, la joie de vivre et l’insouciance. Mais il y a également Les Contes d’Hoffmann, les duos pour violoncelle et ces merveilleux arias où affleure une douce mélancolie. Plus complexe qu’il n’y paraît, la musique d’Offenbach reste enivrante. C’est forcément une coupe de champagne à la main que l’on fêtera le compositeur bien aimé qui fait un retour en force à l’affiche des opéras.
3 - Barbara Strozzi (née il y a 350 ans)
Il y a peu, nous nous interrogions sur l’existence des femmes compositrices citant spontanément le nom de Barbara Strozzi. Pourtant, cette grande figure de la musique vénitienne du XVIIe siècle n’occupe toujours pas la place qui devrait être la sienne dans le panthéon des grands compositeurs. La contemporaine de Claudio Monteverdi écrivait en 1644, "j'estime qu'en tant que femme, que je fais preuve de bien d'audace en publiant ma première œuvre". Que cette audace soit enfin récompensée, quelques siècles plus tard !
4 - Ruggero Leoncavallo (mort il y a 100 ans)
Indissociable de son compère Mascagni, Leoncavallo est la grande référence du courant vériste. Et pourtant, l’auteur de Pagliacci reste l’homme d’un seul succès. Il a composé une petite vingtaine d’opéras et d’opérettes dont Zazà et La Bohème mais pas de chance ! Puccini avant lui a utilisé le même livret pour créer le chef-d’œuvre que l’on sait. A l’occasion de cet anniversaire, les musicologues aideront peut-être à la redécouverte de cet illustre inconnu.
5 - Leopold Mozart (né il y a 300 ans)
Mozart, le compositeur de musique classique le plus célèbre toutes catégories confondues avait un papa qui a joué un rôle déterminant dans la carrière du petit génie. Evidemment, la notoriété de notre Wolfgang écrase copieusement celle de papa Leopold. Figure importante à l’époque, il a tout de même à son actif quelques jolies pièces (dont la fameuse Kindersinfonie, la symphonie des jouets) et une méthode de violon qui fait encore référence en technique baroque.
6 - Clara Wieck-Schumann (née il y a 200 ans)
Sans Clara, point de Robert Schumann ! La virtuose du piano, la star internationale de l’époque c’était elle et c’est grâce à sa pugnacité que les œuvres de son grand dépressif de mari sont arrivées jusqu’à nous. Elle a joué également un rôle déterminant dans la vie de Johannes Brahms, amant supposé. Cependant, c’est l’abnégation qui marque le parcours de la compositrice dont les œuvres restent trop peu jouées dans les salles (comme son concerto pour piano ou de beaux Lieder romantiques).
7 - Hans Pfitzner, Albert Roussel (nés il y a 150 ans)
Rien ne semble rapprocher les compositeurs si ce n’est leur année de naissance et une notoriété trop modeste. Pourtant les deux hommes sont au tournant du siècle comme deux témoins majeurs d’un profond changement. Pfitzner est considéré comme le dernier romantique allemand et Roussel comme l’un des premiers impressionnistes français. Tous deux ont à leur catalogue de belles pages à explorer comme l’opéra Palestrina ou Le festin de l’araignée, entre autres…
8 - Louis Moreau Gottschalk (mort il y a 150 ans)
Son nom est bien mal connu par la plupart des mélomanes et pourtant la vie du compositeur américain d’origine française est tout simplement incroyable ! Pianiste prodige, il a eu la sympathie de Hugo, Chopin ou de Berlioz qui le reconnaissait comme « le prophète de son pays ». Alors qu’il a été le premier à utiliser des musiques indigènes dans ses compositions aux influences créoles, on le reconnaît volontiers comme l’un des précurseurs du jazz. Ce séducteur a parcouru le monde entier, traversé la guerre et quelques révolutions pour tomber dans l’oubli.
9 - Carl Loewe (mort il y a 150 ans)
A ne pas confondre avec le Frederick Loewe (celui de My Fair Lady), notre Carl est le compositeur d’un genre en soi, la ballade. Il a composé un peu moins de quatre-cents Lieder et ces fameuses Balladen, sorte de longs poèmes narratifs. Les pièces de Loewe ont été inspirées par les textes poétiques de Goethe, Heine ou Byron comme pour les Lieder d’un certain Schubert, son exact contemporain. On lui doit également des œuvres religieuses et des opéras qui ne sont pas passés à la postérité.
10 - Marc'Antonio Cesti (mort il y a 350 ans)
On doit au remarquable chef baroque René Jacobs, la renaissance du compositeur proche de l’école vénitienne grâce aux enregistrements et aux représentations scéniques de ses opéras. Cesti a connu un destin cocasse avec une vie émaillée de quelques scandales. Il faut dire que ce moine franciscain ne suivait pas forcément de près les préceptes de son ordre, préférant chanter à l’opéra que dire des cantiques. Il semble que son amitié pour le peintre fantasque et poète satirique Salvator Rosa n’était pas non plus du gout du clergé.
Toute l’équipe de CCC vous souhaite une très bonne année 2019 !