image menu.png
Fête à l’Opéra Comique avec un joyeux Comte Ory

Fête à l’Opéra Comique avec un joyeux Comte Ory

A l’approche des fêtes de fin d’année, les spectacles joyeux fleurissent comme les sapins de Noël, ou pas ! Pour faire rire les parisiens exigeants, il faut de l’excellence, du bon goût et surtout, des stars. En réunissant un plateau 100 % francophone, l’opéra Comique a-t-il réussi à éblouir avec le Comte Ory de Rossini ? Réponse… 

© Vincent Pontet

© Vincent Pontet

Le Comte Ory, avant-dernier opéra composé par Rossini sur un livret en français d’Eugène Scribe, a déjà eu les faveurs de la Salle Favart. Les plus anciens se rappellent du joyeux spectacle mis en scène en 2003 par Jérôme Savary, alors directeur de l’Opéra Comique. Une belle distribution était dominée alors par la superbe Comtesse d’Annick Massis. Lorsque a été annoncée cette nouvelle production confiée à Denis Podalydès, avouons que nous étions plus curieux que réellement convaincu. Le célèbre acteur et metteur en scène de la Comédie Française a déjà connu de belles réussites à l’opéra mais dans un registre plutôt doux-amer que franchement rigolard. Comme chacun sait, le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter.

Le Comte Ory est une pure comédie avec de nombreux chausse-trappes. Avec une mise en scène trop déjantée, l’on risque la vulgarité. Trop sage, ce serait l’ennui. En suivant le livret pas à pas, Denis Podalydès attaque frontalement l’œuvre et la première ce 19 décembre 2017 est une parfaite réussite. Dans un savant décor bric-à-brac d’Eric Ruf au premier acte qui évoque un hangar où seraient entreposées des pièces de Dialogues des Carmélites, l’action démarre sur les chapeaux de roues avec l’arrivée en scène de Philippe Talbot. 

France-Italie : la victoire de la diction française

Le ténor virevoltant est irrésistible dans le rôle-titre et sa prestation vocale, impeccable. Pourtant l’écriture de Rossini n’épargne pas la tessiture. Affublé d’un faux nez ou déguisé en Sœur Colette, il semble improviser sur scène tout en gardant ce fameux « sérieux » indispensable. Dans le rôle de son comparse Raimbaud, le baryton Jean-Sébastien Bou possède autant d’abattage et le même sens du tempo et de la blague même s’il reste légèrement au second plan vocalement.

© Vincent Pontet 

© Vincent Pontet
 

Le reste de la distribution forme une troupe très homogène avec une succulente Eve-Maud Hubeaux, gentille mégère (pourtant annoncée souffrante) et l’espiègle et toujours bien chantante Jodie Devos, dans un rôle bien trop court. Au diapason, le chœur Les éléments de Joël Suhubiette articule le français merveilleusement (comme tout le plateau, sans exception) et donne la réplique dans la comédie. Patrick Bolleire pour le Gouverneur chante agréablement malgré un grave moins confortable. Avec Philippe Talbot, Julie Fuchs et Gaëlle Arquez captent toute l’attention dès leur apparition sur scène. Choisie dans le Top 5 des chanteuses les plus sexy, la mezzo française est incroyablement crédible dans le rôle travesti du page Isolier. La voix est belle, pleine, ronde… Elle enveloppe les spectateurs dans cette salle propice a son déploiement. La soprano Julie Fuchs chante tout aussi superbement le rôle exigeant de la Comtesse Adèle. Se jouant des vocalises, elle campe un personnage bien moins prude que d’habitude et offre une prestation inédite, exagérée et extrêmement drôle.

La très grande réussite de ce spectacle idéal tient sans doute à la grande liberté et au naturel qui se dégage sur scène. Pour la toute première fois, Louis Langrée dirige un opéra de Rossini. A la tête d’un Orchestre des Champs-Elysées pas toujours juste (les cuivres), il accompagne les artistes avec précision et un joli sens du théâtre. 

Il faut se précipiter sur les derniers billets disponibles à l’Opéra Comique, à Versailles (où le spectacle sera repris les 12 et 14 janvier 2018) ou bien attendre un retour annoncé à Liège car, n’en déplaise aux deux spectateurs mécontents qui se sont bruyamment manifestés le soir de la première, le Comte Ory avec cette distribution vocale cinq étoiles est le spectacle comique de la saison !

Sondra Radvanovsky mène le Bal de Verdi à la Bastille

Sondra Radvanovsky mène le Bal de Verdi à la Bastille

Ah ! Que j'aime les militaires, avec Isabelle Druet

Ah ! Que j'aime les militaires, avec Isabelle Druet