La mystérieuse relation entre Andrea Bocelli et Mlle Aida de Verdi
Il n’est pas interdit d’aimer Andrea Bocelli et de verser sa petite larme en écoutant « Con te partirò » mais quand il s’attaque au rôle redoutable de Radamès dans Aida de Verdi, il n’est pas non plus interdit de frémir et de se demander, pourquoi ?
Quand une nouvelle version d’Aida fait son apparition sur le marché, on imagine facilement qu’une distribution de rêve a motivé la captation car chacun le sait, l’industrie du disque est en crise depuis de nombreuses années. Ce que l’on sait peut-être moins c’est qu’en musique classique, les enregistrements d’opéras en intégral sont devenus très rares. Monopoliser un orchestre, un chef et des chanteurs de renom (sans parler des techniciens) pendant plusieurs semaines est un luxe que les éditeurs ne peuvent plus se permettre et mis à part quelques raretés baroques, les captations sur le vif des opéras sont désormais les seuls produits que le mélomane peut encore découvrir.
Andrea Bocelli n'est pas un ténor traditionnel
Aida, c’est le grand opéra de Verdi qui fourmille d’airs et de duos merveilleux mais comme souvent chez le célèbre compositeur italien, seules de grandes voix à la technique irréprochable peuvent rendre justice au chef-d’œuvre. Le nom d’Andrea Bocelli figurant en bonne place et gros caractères sur la pochette du CD paru chez DECCA (avec l’Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino dirigé par Zubin Mehta) est plutôt une surprise.
Andrea Bocelli est un artiste ô combien respectable et sa probité n’est sans doute pas à remettre en cause mais comme le dit très justement sa fiche wikipédia : l’artiste, né le 22 septembre 1958 à Lajatico, est un ténor italien d'inspiration lyrique. Tout réside dans « d’inspiration » car ce n’est pas un ténor traditionnel. Les spécialistes vous diront que le rôle de Radamès requiert une voix de ténor lyrico-dramatique ou pour le faire simple, c’est pas donné à tout le monde de bien le chanter !
L'artiste jeté dans la fosse aux lions ?
Si l’on ose le test d’une écoute en aveugle du premier air « Celeste Aida » la voix de Bocelli ressemble à celle d’un vieillard et ses aigus sont plus proches du cri que de la note juste. Mais le pire arrive à la fin de l’air, chanté pianissimo. On a la bizarre impression qu’un ingénieur a soudain bidouillé le bouton du son tandis que sur le plateau, un assistant tendait au ténor un bout de tuyau pour qu’il chante dedans. C’est effrayant et l’on se demande qui a eu cette idée perverse de jeter l’artiste dans la fosse aux lions. Les fans d’Andrea Bocelli vont-ils seulement écouter l’opéra jusqu’au bout ? On le craint car Florence Foster-Jenkins a bien eu des admirateurs…
Sans compter les albums solos, Andrea Bocelli a enregistré plus d’une douzaine d’intégrales d’opéras majeurs (Aida, Andrea Chénier, Carmen, Cavalleria rusticana, Il trovatore, La Bohème, Manon Lescaut, I Pagliacci, Roméo et Juliette, Tosca, Turandot, Werther et la Messa da Requiem de Verdi). Jonas Kaufmann, le plus grand ténor au monde, à peine la moitié (Aida, Carmen, Die Walküre, Fidelio, Madama Butterfly, Oberon). Le marketing est-il plus fort que l’art ?
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